Jeudi 16 février 2023, deux professionnels de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Henri Paillere et Benoît Lepouzé, ont réalisé une présentation sur le sujet du nucléaire, suivie de questions des membres du groupe sectoriel Energies-Utilities de la SFAF.
L’AIEA est une agence à mission de l’ONU. Elle promeut auprès des Etats parties l’utilisation pacifique du nucléaire et garantit l’application du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Elle établit également les règles garantissant la stabilité et la sûreté des installations nucléaires dans le monde.
Qu’est-ce que le nucléaire en 2023 ?
Aujourd’hui, l’énergie nucléaire mondiale est produite par 420 réacteurs répartis dans 32 pays possédant les infrastructures et les capacités de régulation. Le nucléaire ne cesse de séduire et de nouveaux candidats, tels que l’Egypte, le Bangladesh et la Turquie, envisagent de construire et d’introduire le nucléaire dans leur mix énergétique.
Après l’accident de Fukushima, le nucléaire a connu un déclin pendant 3 ans, mais les perspectives de cette énergie à l’horizon 2050 sont plutôt optimistes. Désormais, les constructions fleurissent en Chine et en Inde et de nombreux pays africains ont fait part de leur souhait de bénéficier de la nouvelle technologie du SMR(1).
Afin de permettre à ces Etats d’entreprendre des projets d’une telle envergure, l’AIEA coopère avec les agences nationales et met en place un avant-projet et un système de peer-review afin d’assurer que ces derniers fassent preuve de transparence et de bon voisinage.
Le rôle du nucléaire dans la sécurité climatique
Depuis quelques années, la reconnaissance de la durabilité de l’énergie nucléaire est croissante. Bien que des études existent sur le sujet, le nucléaire apparaît désormais comme une solution bas carbone tout au long de son cycle de vie(2).
L’énergie nucléaire aurait permis d’éviter l’émission de 70 GT de CO2 et sa relance favoriserait la production massive d’hydrogène bas carbone.
Le nucléaire retrouve ainsi l’attrait qu’il avait connu auprès des états dans les années 70 (sécurité d’approvisionnement, insensibilité à l’augmentation du coût de l’uranium).
L’économie du nucléaire : compétitivité et financement
Le coût de l’électricité produite par des centrales nucléaires dont la durée de vie a été rallongée n’est pas plus élevé que celui produit par une centrale plus jeune. Les investissements dans l’énergie nucléaire demeurent toujours plus bas que les investissements dans le secteur des énergies fossiles.
Le financement du nucléaire est complexe et fait face à de nouveaux défis, tels que l’éclosion de nouveaux modèles de construction (design en développement) et la naissance de projets prenant des décennies à bâtir (chantiers complexes). Le bénéfice sur investissement se fait très souvent tarder.
Les SMR
Les « SMRs » (Small Modular Reactors) ou petits réacteurs modulaires (« PRM ») sont une nouvelle catégorie de réacteurs. Dotés d’une plus petite taille et fabriqués en usine, ils sont ensuite transportés sur les lieux du site d’implantation afin d’y être installés. Ils représentent une alternative à moindre coût aux réacteurs traditionnels.
Leur particularité vient, à la différence des réacteurs de plus grande taille, de leur rentabilité reposant sur l’harmonisation des designs et des exigences techniques des Etats. Ainsi, en tant qu’agence internationale, l’AIEA rassemble ces derniers dans le cadre de l’élaboration de leurs projets.
En France, les projets de PRM sont pour l’instant au stade de design conceptuel.
Les applications non-électriques du nucléaire
L’énergie nucléaire connaît des applications non-électriques et peut notamment participer à la production d’hydrogène, au dessalement de l’eau de mer et au chauffage urbain.
(1) Small modular reactor, réacteur nucléaire de petite taille et de faible puissance (production électrique inférieure à 300 MW).
(2) Voir le rapport du JRC et inclusion dans la taxonomie environnementale européenne disponible via ce lien.