La SFAF organise le 30 septembre prochain un Alumni webinar sur le thème : « Transition énergétique et comptabilité Multi Capitaux ». Jean-Marc Jancovici, associé Carbone 4 et président « The Shift Project », qui interviendra aux côtés de Dominique Ioos, chargé de mission CARE Comptabilité Multi Capitaux chez Fermes d'avenir, et Antoine de Salins, directeur associé chez I-Care and Consult, répond aux questions d'Analyse financière.
Selon vous, le recours à une fiscalité carbone est nécessaire. Mais est-ce suffisant ?
Cela aurait pu l'être si nous avions encore eu 50 ans devant nous pour commencer à régler le problème ; malheureusement, ce n'est plus le cas désormais, puisqu'il faudrait que les émissions mondiales baissent de 5 % par an pour les quelques décennies à venir pour contenir à 2 °C la hausse de la moyenne planétaire entre l'ère préindustrielle et 2100. Il va donc falloir passer essentiellement par la réglementation : obliger, interdire, normaliser.
Cela signifie, par exemple, interdire (éventuellement avec un préavis) le remplacement de toute chaudière à fioul ou à gaz par une chaudière à fioul ou à gaz, interdire la vente en France de voitures qui consomment plus d'une certaine quantité de carburant aux 100 km, interdire les vols intérieurs puisqu'il y a des trains, obliger les propriétaires à embarquer la performance thermique dans tous travaux faits chez eux, etc. Cela permet de dimensionner les flux d'investissements qui vont en regard et, de là, se demander comment on aide éventuellement et avec quelles ressources. Parler d'abord d'investissements avant d'avoir la planification d'ensemble, c'est mettre la charrue avant les bœufs.
Le 9 septembre, BPIfrance et de la Banque du territoire ont détaillé les possibles affectations des 40 milliards d'euros dédiés aux entreprises et aux territoires de leur Plan Climat commun 2020 / 2024. Qu'en pensez-vous ?
Pour décarboner l'économie française, la bonne approche n'est pas de financer des investissements « bas carbone » à côté – ou en plus – des investissements « carbonés », c'est de rendre tout investissement compatible avec une baisse de 7 % par an des émissions nationales (ce qui découle arithmétiquement de la loi sur la neutralité). Il faut donc évaluer avec une méthode appropriée chaque investissement au préalable, renoncer à ceux qui ne sont pas compatibles avec la trajectoire et n'accepter que le reste, qui concerne seulement et marginalement les éoliennes ou les panneaux solaires.
Quel principal message souhaiteriez-vous adresser aux analystes financiers et gérants ?
De faire deux choses indispensables sans lesquelles il n'y a aucune chance que nous parvenions à éviter le chaos, dont les événements récents ne nous donnent qu'un modeste avant-goût : correctement se former sur le problème à traiter et les méthodes qui permettent de le traiter et, ensuite, déployer ces méthodes dans des instruments de pilotage qui concernent tout ce que fait une entreprise du monde financier, comme avec les euros.
Refuser d'allouer des moyens à ces deux actions et se contenter d'embaucher un stagiaire pour compter les milliards investis dans des éoliennes et des panneaux solaires, c'est l'assurance d'aller au chaos. Il est urgent de changer cela.
Propos recueillis par Michèle Hénaff, rédactrice en chef d'analysefinanciere.org.
NDLR : Les présentations des intervenants seront disponibles pour les membres de la SFAF dans les jours qui suivront l'évènement.
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