Visite de la SFAF à la 54e édition du Salon International de l'Aéronautique et de l'Espace du Bourget
La SFAF et son vice-Président, Antoine Nodet, ont organisé pour le groupe sectoriel Aéronautique-Défense-Espace et Sécurité et les membres de la SFAF une visite guidée à travers les stands du Salon du Bourget le 21 juin dernier. Cette matinée a été l’occasion pour la quinzaine de membres invités de rencontrer plusieurs sociétés et groupements.
Ascendance Technologies
Ascendance, start-up dont les actionnaires de référence sont Dassault Aviation et la BPI, a comme administrateur Jean-Paul Herteman, l’ancien CEO de Safran. Elle vient de lever 34M€.
La société conçoit un appareil très innovant, mélange d’hélicoptère et d’avion, largement décarboné.
Le projet d’appareil, dont la maquette a été présentée au groupe, est un hélicoptère à double ailes. Le décollage vertical se fait électriquement par des hélices horizontales carénées et, ensuite, d’autres hélices positionnées verticalement prennent le relais pour une combustion classique. La promesse de cet appareil de cinq sièges est une autonomie de 400km pour une vitesse de 200km/h, soit des performances comparables à celles d’un petit hélicoptère thermique. Le constructeur annonce une division par 4 du bruit au décollage et par 5 de la consommation de carburant.
Dassault Aviation
La visite du stand a été l’occasion pour Louis Proisy, l’un des IR du groupe, de présenter le standard F4 du Rafale, alors que le Rafale vient d’enregistrer plusieurs succès commerciaux récents.
Côté aviation d’affaires, Dassault a présenté le Falcon 6X, dont la certification est attendue, ainsi que le nouveau Falcon 10X dans l’ultra long range, qui permettra de rallier Paris à l’Australie sans escale. Dassault Aviation consacre actuellement 570M€ annuels à sa R&D.
Safran
Les IR de Safran ont présenté au groupe les motorisations existantes et celles en développement.
Côté existant, le moteur Leap, successeur du CFM 56 qui offre 15% d’économie de kérosène, équipe 100% des Boeing 737MAX et 60% des A320/321 NEO ; soit, au total, 70% de part de marché mondiale par rapport au moteur concurrent GTF de Pratt & Whitney.
Safran a rappelé que les avions monocouloirs (« narrow body ») constituent 80% du marché mondial et que cette proportion est appelée à augmenter face au succès de l’A321 XLR, qui permettra des vols long-courrier avec ses 8400km d’autonomie.
Concernant les intérieurs de cabine, Safran développe un nouvel environnement de business class, avec des fauteuils dont le prix unitaire peut dépasser les 100K$.
Enfin, côté projets, le motoriste a présenté le RISE, un concept de réacteur non caréné très innovant : il permettra 20% d’économies de carburant supplémentaires, mais sa taille volumineuse (quasi celle d’un long courrier) va devoir nécessiter un re-design complet des futurs avions, qui ne peuvent, pour le moment, pas les placer sous l’aile. Ce moteur RISE vise une première certification en 2035. Le groupe développe également le futur moteur de l’avion de combat européen SCAF (horizon 2040), dont la poussée serait deux fois supérieure à celle du Rafale.
Direction générale de l’armement
Un élève-pilote a présenté les différents avions de combat français, dont le Rafale et sa version marine monoplace, ainsi qu’un Mirage 4000. Ensuite, le groupe a visité le stand des drones, devenus un élément central des conflits, avec un retour d’expérience de la guerre en Ukraine où des engins de moins de 1000€ ont impliqué de lourds dégâts aux forces adverses. Et, enfin, présentation de l’hélicoptère de transport de troupes Caracal, acteur de nombreuses opérations récentes, notamment au Sahel.
GIFAS
Philippe Berna, médiateur de la filière aéronautique et spatiale, a présenté le GIFAS, le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales, qui compte actuellement plus de 400 membres. Le GIFAS est également un incubateur de start-up, également présentes au salon. La SFAF a ainsi pu échanger avec la société Sirius Space Services, qui conçoit des lanceurs simples 100% réutilisables et dont le premier tir devrait avoir lieu fin 2025. Le but de ce lanceur économique est de réduire le coût de mise en orbite, actuellement de 80K$ le kilo, à 10/15K$ par kg seulement.
Paris Air Lab : portant le thème de l’édition 2023 du salon, la décarbonation
Paris Air Lab est, comme son nom l’indique, un laboratoire de recherche de décarbonation de l’aéronautique, secteur représentant entre 2 et 3% des émissions de CO2 mondiales. L’un des sujets majeurs est la production de SAF (Sustainable Aviation Fuel), soit la production de kérosène durable à partir, par exemple, de gazéification de la biomasse, où 100kgs de cette biomasse permettent d’obtenir 35 litres de carburant.
Airbus
Dernière visite de la matinée chez Airbus, qui a tenu un discours assez radical sur la nécessaire réduction des émissions de CO2 par l’industrie : « sans décarbonation, il n’y aura plus d’aviation dans le futur ». Sujet d’autant plus prégnant qu’actuellement, un A350 reste au sol maximum 2h par jour. Ont été ainsi abordés les sujets de carburant durable et d’avion à hydrogène. Pour ce dernier, il semble uniquement adapté à du moyen-courrier en raison de la taille des réservoirs qui, comme dans le cas du moteur RISE évoqué plus haut, vont nécessiter de profondes évolutions du design des futurs appareils. Or, le design des avions est très rarement changé du fait des coûts de développement et délais de certification. La diffusion de cette innovation, comme des autres, sera donc très lente.
Airbus a évoqué le succès actuel de sa gamme et, notamment, du très prometteur A321 XLR. Enfin, le consortium a rappelé qu’il avait 2000 fournisseurs de premier rang, qui représentent 75 à 80% de la valeur d’un appareil.