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20/11/2024 Aéronautique-Défense-Espace et Sécurité

Euronaval 2024 : IA et dronisation des combats dans un contexte de violence croissante

Le mercredi 6 novembre, le groupe sectoriel Aéronautique-Défense-Espace et Sécurité de la SFAF, co-présidé par Antoine Nodet et Philippe Clermont, a organisé une visite à l’édition 2024 du salon Euronaval, premier salon international de l’industrie navale, créé il y a 50 ans par le GICAN(1). Grâce aux différentes présentations, la dizaine de participants a pu découvrir les principales innovations issues du savoir-faire français dans le domaine des industries navales de défense et les enjeux et priorités tant géopolitiques que militaires et les répercussions pour les industriels.

Le contexte géopolitique du salon 2024
L’espace maritime couvre 70% de la planète et connaît une remise en cause des principes internationaux établis, dont la liberté de circulation et la préservation des ressources naturelles.
Pour la France, qui possède la deuxième ZEE (zone économique exclusive), les enjeux sont considérables. Tout d’abord, la Marine constitue un des deux piliers de la dissuasion nucléaire, instrument justifiant la position de membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU. Ensuite, la mer est une ressource naturelle à protéger sur le plan environnemental, mais également face aux convoitises d’agents prédateurs. Par ailleurs, la liberté de circulation se trouve de plus en plus menacée et, par là-même, le commerce international et l’économie : « no shipping, no shopping ». Il suffit de penser à la situation en Mer Rouge (détroit de Bal-El-Mandeb). Enfin, la zone indo-pacifique est devenue une zone de tensions majeures impliquant de nombreux acteurs, dont plusieurs disposant de l’arme nucléaire et de moyens navals en rapide expansion.

L’espace maritime est donc actuellement le lieu d’une violence croissante, avec une simultanéité de conflits rarement vue. Le combat naval s'accélère, avec de nombreuses menaces mêlant à la fois des armes de haute technologie et des armes disponibles dans le commerce. Ce type de combat devient multi-milieux et multi-champs : de l'espace aux fonds marins, en passant par le spectre électromagnétique jusqu'au champ informationnel.
Pour la première fois depuis la guerre des Malouines (1982), des navires de guerre ont été coulés. Face à cela, la Marine française doit combler son retard, consécutif à l’entaille créée par la réduction conséquente de ses capacités sous la présidence de Jacques Chirac (1995-2007).

Du fait du contexte international, toutes les marines cherchent désormais non seulement à protéger leurs côtes (ressources et sécurité), mais également à allonger leur rayon d’action. Ceci explique la forte augmentation des commandes de grands navires de surface mais aussi de flottes sous-marines, à l’image de l’Australie, et également de pays qui en étaient dépourvus jusqu’à présent (Indonésie, Philippines, Maroc, Argentine…). Dans le même esprit, la lutte sous-marine se développe pour protéger les actifs économiques tels que les câbles et pipelines. Le postulat sous-jacent est que, sans maîtrise du naval, il n’y a pas de sécurité, ni de souveraineté.

A ces approches traditionnelles, sont venues s’ajouter la menace cyber (par exemple la possibilité de détourner un navire de commerce) et l’intelligence artificielle, qui a fait une apparition massive à cette dernière édition du salon. L’IA permet un traitement plus rapide des données, ce qui est fondamental pour la riposte. Tout cela permet une accélération de la dronisation dans le combat naval. A titre d’exemple, Thalès va livrer à la Marine britannique un système entièrement dronisé de lutte anti-mines.
La France est partie prenante d’opérations conjointes, mais aussi de mécanismes de l’OTAN. Les récents événements en mer Rouge et en mer Noire illustrent l’importance de la défense aérienne, antimissiles et anti-aérienne intégrée (IAMD), du combat littoral et des drones.

Pour rappel, "La défense aérienne et antimissile intégrée (IAMD)" de l'OTAN est une mission essentielle et permanente, en temps de paix comme en période de crise ou de conflit. Elle a pour mission de sauvegarder et de protéger le territoire, les populations et les forces des pays de l'Alliance contre toute menace ou attaque aérienne ou de missile, émanant de toutes les directions stratégiques, qu’elles soient le fait d’acteurs étatiques ou non étatiques. La complexité et l’intensité des menaces poussent à agir plus vite et de manière plus sûre dans des environnements dégradés. L’espace maritime en fait clairement partie et les forces navales européennes ont été fortement sollicitées pour la surveillance et le contrôle de la zone euro-atlantique en raison d’un nombre d’intrusions en très forte progression.

L’espace d’un moment, les membres du groupe sectoriel participant à la visite ont pu vivre dans l’ambiance des sous-marins, drones marins, des actions de déminage des fonds marins, l’utilisation de l’intelligence artificielle, l’analyse du champ informationnel, la cybersécurité, le combat collaboratif, le combat littoral mais aussi la lutte contre les drones, la guerre des mines, avec des systèmes robotisés… grâce aux exposés des différents exposants rencontrés.

Le GICAN : pilier du soutien à la filière de la construction navale française
Marie-Christine Mechet, déléguée générale adjointe du GICAN, responsable des relations institutionnelles sur les missions et les actions, a présenté aux membres du groupe sectoriel cette association professionnelle qui représente et fédère les entreprises de la construction navale, civile et militaire en France (chantiers, équipementiers, bureaux d’études, services associés…).
Acteur clé de la coordination et de la défense des intérêts de l’industrie navale française et composante majeure de la filière des industriels de la mer, le GICAN joue un rôle crucial dans le soutien à l’innovation et la promotion des savoir-faire nationaux sur les marchés exports et fournit le support nécessaire à ses membres pour exploiter ces derniers. Cela est particulièrement utile pour les nombreuses PME et ETI du secteur, qui ne pourraient vivre du seul marché national. Autre signe du soutien à l’innovation et aux PME/ETI, un stand regroupant ce type de sociétés a été organisé et la section SEANNOVATION était présente sur le salon.


SEANNOVATION ©Euronaval

Les entreprises et institutions rencontrées

Thalès
Naval Group
MBDA
Leonardo
Airbus
Ministère des Armées

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Les prochains rendez-vous du groupe sectoriel Aéronautique-Défense-Espace et Sécurité de la SFAF : le SIAE (Salon international de l’aéronautique et de l’espace) en juin 2025 et Milipol en octobre 2025.

Rédacteurs : Salwa Ben Chikha et Antoine Nodet

(1) Groupement des Industries de Construction et Activités Navales, association professionnelle.