Dans un manifeste publié mi-février 2019, les organisations patronales (AFEP, MEDEF), en partenariat avec le Cliff et le Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D), invitent les agences de notation extra-financière à renforcer le dialogue avec les émetteurs avec plus de transparence sur leurs méthodologies. Explications de Corinne Baudoin, présidente de la commission Analyse extra-financière de la SFAF, et Fabienne Brilland, vice-présidente de la commission.
La charge de travail est croissante pour les entreprises qui doivent répondre à une demande multiforme des organismes de notation extra-financière. Dans ce contexte, l'AFEP et le MEDEF, en partenariat avec le Cliff et le C3D, ont engagé une réflexion collective sur les relations entre entreprises et organismes de notation extra-financière. Ils ont évalué les pratiques du marché visant la notation des large caps, auprès d'un panel de 58 entreprises du SBF 120. Sur la base de ces travaux, les organisations patronales ont formalisé un certain nombre de recommandations présentées dans le manifeste.
Qu'attendent les entreprises comme évolutions dans leurs relations avec les agences de notation extra-financière ?
- un meilleur dialogue ;
- davantage de transparence sur la gouvernance, la méthodologie et la gestion des controverses ;
- la prise en compte des enjeux sectoriels et des réglementations nationales ;
- une stabilité des méthodologies et des équipes.
Concrètement, les émetteurs souhaitent :
- multiplier les occasions d'échanger tout au long du process de la notation sur les critères et les pondérations des notations ;
- l'indépendance entre les activités d'analyse et de conseil ;
- le basculement vers la gratuité des analyses pour l'entreprise évaluée ;
- des questionnaires préremplis, pratique déjà courante chez certains acteurs.
Ce manifeste vise également à porter le sujet à l'échelle de l'Europe, dans le cadre du plan d'action en matière de finance durable.
Le débat est ainsi ouvert sur la contribution de la notation extra-financière qui influence à la fois les choix des investisseurs et les comportements des entreprises, même si elle n'a pas encore un caractère aussi systémique que la notation financière. Or, les agences de notation extra-financière utilisent un « matériau de base » non normé. La déclaration de performance extra-financière accentue la question, car elle donne aux entreprises la responsabilité de la pertinence des informations.
Cela rend l'analyse qualitative encore plus nécessaire. Les modèles de notation devraient être moins sensibles à la quantité de données produites. Ce critère étant largement biaisé par la taille et les moyens de l'émetteur.
Laissons les agences imaginer de nouveaux modèles, en concertation avec entreprises et investisseurs.
Comme l'a souligné la Société française des analystes financiers (SFAF) à maintes reprises, ce constat montre une fois encore la nécessité de normaliser un certain nombre d'indicateurs, pour faciliter le travail des entreprises comme de leurs interlocuteurs. Et l'urgence de définir des méthodologies d'analyse extra-financière autour d'une base commune.
Contact : think-tank.nl@sfaf.com
Agences benchmarkées : EcoVadis , CDP, FTSE pour son indice FTSE4Good, MSCI, Oekom research, RobecoSam pour son indice DJSI, Sustainalytics, Vigeo Eiris.
Corinne Baudoin, présidente de la commission Analyse extra-financière
Fabienne Brilland, vice-présidente de la commission Analyse extra-financière