La commission Comptabilité et Analyse Financière de la SFAF et la Commission on Financial Reporting de l'European Federation of Financial Analysts Societies (EFFAS) ont toutes deux envoyé leurs lettres de commentaires à l'IASB (International Accounting Standards Board) concernant le projet d'amélioration du compte de résultat, un projet de première importance pour les analystes financiers et les investisseurs.
Sans surprise, les deux lettres comportent un grand nombre de points communs, reflétant les demandes répétées des analystes financiers européens d'améliorer la norme actuelle (IAS 1), qui ne dit pas grand-chose sur le format et le contenu du compte de résultat en IFRS. Ces faiblesses limitent fortement la comparabilité d'une société à l'autre et empêchent la compréhension complète de la performance par les utilisateurs des comptes – ce qui a ouvert la porte à une multitude de « mesures alternatives de la performance » (ou APM, en anglais).
Les principaux points communs aux lettres d'associations d'analystes français et européens sont :
- La présentation obligatoire dans le compte de résultat d'un résultat opérationnel, mieux défini, et un regret que le résultat opérationnel avant amortissements n'y figure que sur option.
- Un fort soutien pour la publication des « mesures alternatives de la performance » dans une seule note, avec des réconciliations avec des chiffres IFRS, et non dans le compte de résultat.
- Un soutien, également, pour une note unique regroupant toute l'information sur les « éléments inhabituels » et non directement dans le compte de résultat, afin de permettre une comparabilité des comptes de résultat et d'avoir une information complète et détaillée bien identifiée.
- Un bémol sur l'option laissée pour une présentation des charges opérationnelles par nature (achats, personnel, amortissements…). En effet, la présentation par nature est jugée bien supérieure à une présentation par fonction (coûts des ventes, coût de marketing, R&D, charges administratives…), car elle permet une meilleure comparabilité entre entreprises, offre une meilleure granularité et permet un raccordement clair au tableau des flux de trésorerie. Rappelons que le principal coût par fonction, le coût des ventes, n'est jamais défini en IFRS (c'est un agrégat de comptabilité analytique) et n'est donc pas comparable d'une entreprise à l'autre. La proposition de l'IASB d'autoriser les présentations par nature et par fonction limitera nécessairement les comparabilités d'une entreprise à l'autre, ce qui va à l'encontre du but poursuivi d'améliorer cette comparabilité. Mais l'introduction d'une note reprenant la présentation par nature complète, lorsque l'entreprise utilise la présentation par fonction, est néanmoins un premier pas dans la bonne direction, à la condition que cette information soit bien donnée dans le reporting intérimaire.
- Enfin, un inconfort pour la présentation des sociétés mises en équivalence dites « intégrales » que l'IASB propose de présenter juste en-dessous du résultat opérationnel et avant le résultat financier. Cela serait incohérent d'additionner leur contribution, après frais financier et après impôts, avec le résultat opérationnel. Et les analystes estiment que la séparation entre sociétés mises en équivalence « intégrales » et « non-intégrales » restera très subjective, ce qui ouvrira certainement la porte à de l'optimisation du compte de résultat. Et le solde intermédiaire qui suivra, « résultat opérationnel et contribution des sociétés mises en équivalence intégrales », sera d'une utilité discutable pour les analystes financiers.
- Et un souhait que l'IASB réouvre les travaux sur la norme sur l'information sectorielle (IFRS 8), afin de permettre enfin une plus grande comparabilité des activités entre différentes sociétés.
Les analystes financiers, tant français qu'européens, espèrent que l'IASB prendra bien en compte les opinions et les vœux des analystes sur ce projet, primordial pour eux.
Nous notons, avec plaisir, que nos collègues des associations espagnole (IEAF) et belge (ABAF/BVFA) ont aussi fait des commentaires officiels à l'IASB sur cet important projet.
Contact : analysefinanciere@sfaf.com