Caroline de La Marnierre, Directrice générale et fondatrice de l'Institut du Capitalisme Responsable, répond aux questions de la SFAF.
Quelles sont les priorités de l'Institut du Capitalisme Responsable (ICR), dont le lancement a été annoncé par CAPITALCOM fin janvier 2017 ?
La création de cette organisation - non génératrice de profit - est l'aboutissement d'un long chemin. Ce centre de recherche porte la conviction que la responsabilité, c'est-à-dire la convergence sur le long terme de la performance et de l'éthique, va devenir le nouveau gouvernail pour tenir le cap. Notre vœu est que le capitalisme responsable devienne une évidence aux yeux de tous.
En quoi cette approche de l'ICR est-elle novatrice par rapport aux réflexions conduites ces dernières années sur la Place de Paris ?
De nombreuses initiatives se sont lancées sur la Place de Paris ; c'est extrêmement positif ! L'institut bénéficie de l'expérience des Think&Do Tanks thématiques créés au cours des 10 dernières années par CAPITALCOM et qu'il pilote désormais. Pour porter sa vision et ses valeurs, il compte sur des personnalités emblématiques et d'horizons différents, avec au Conseil d'Administration notamment des dirigeant.e.s tel.le.s qu'Isabelle Kocher – DG d'Engie, Frédéric Mazzella – Président-Fondateur de Blablacar, Martin Vial – Commissaire de l'APE… Le Collège des Expert.e.s rassemble des personnes comme Marie-José Kotlicki – Secrétaire générale de l'UGICT-CGT, Alain Grandjean – Associé-fondateur de Carbone 4, ou Olivier de Pembroke – Président du Centre des Jeunes Dirigeants.
Les membres de l'institut co-construiront ensemble les contours de ce capitalisme responsable, en fédérant toutes les sensibilités des parties prenantes. Cela lui confère une capacité unique à créer de la transversalité, avec des objectifs très ambitieux en France, mais également en Europe et à l'international. Les travaux seront adressés aux grandes entreprises, aux pouvoirs publics, aux principales institutions et ONG, etc.
Le concept de l'Integrated Thinking a été mis en avant. Comment s'articule-t-il avec l'idée de Reporting intégré qui s'impose difficilement dans les entreprises ?
L' « Integrated Reporting » comprend à la fois l' « Integrated Thinking », démarche fondamentale, et l' « Integrated Report », outil de communication sur la création de valeur à court, moyen et long terme. C'est à la fois une attitude de gouvernance et un processus d'alimentation de la prise de décision, tant du point de vue des dirigeants que des parties prenantes, au 1er rang desquels figurent les investisseurs. Nous sommes entrés dans l'ère de l'intégration en 2010 avec la création de l'International Integrated Reporting Council (IIRC), qui traduit la prise de conscience de devoir mettre en cohérence toutes les dimensions de l'entreprise : sociale, environnementale, sociétale, éthique, économique, financière... pour affronter un écosystème de plus en plus complexe et imprévisible.
Par ailleurs, nous organisons la cinquième Conférence Annuelle sur l'Integrated Thinking, qui aura lieu le 12 octobre au MEDEF. Cette organisation patronale valorise cette démarche innovante et prône que « l'ensemble des acteurs publics et privés doivent désormais contribuer à sa diffusion et à sa généralisation ». Une posture qui renforce les engagements d'autres organisations telles que Blackrock, le CFA Institute ou encore l'IIRC bien sûr. En France, avec près d'une vingtaine de sociétés engagées dans la démarche, la dynamique est lancée !
Parmi les thèmes majeurs d'actualité figure la place des actionnaires individuels et des actionnaires salariés dans l'écosystème. Quelles actions concrètes envisagez-vous ?
Deux des Think&Do Tanks de l'institut se consacrent pleinement à ces sujets. À ce propos, nous sommes très heureux de l'engagement de Jean-Baptiste Bellon, Président de la SFAF, et de Marie-Pierre Peillon, présidente de la commission Analyse Extra-financière au sein de la SFAF et présidente de la commission ISR au sein de l'Association française de la gestion d'actifs (AFG), dans le jury du Grand Prix de l'Assemblée Générale (GPAG). Chaque année, ce jury émet des recommandations très concrètes - en amont de la saison des AG - pour accompagner les entreprises dans une relation plus harmonieuse avec la société civile et en phase avec les attentes des actionnaires. Agnès Blazy, l'une des administratrices de la SFAF, est par ailleurs engagée dans l'Observatoire des Actionnaires d'Avenir (OAA) qui publiera cette année un position paper traitant des enjeux de l'actionnariat individuel, de façon structurée et particulièrement argumentée. Au-delà des sujets strictement financiers, l'intérêt pédagogique nous semble aujourd'hui fondamental…
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