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18/09/2024 Comptabilité

Nouveau P/L : quels changements et quelles limitations pour les analystes ?

A l’occasion d’une présentation le 11 septembre intitulée « Nouveau P/L: quels changements et quelles limitations pour les analystes ? », Bertrand Allard et Jacques de Greling, co-président de la commission Comptabilité de la SFAF, et Marie-Pascale Peltre, vice-présidente, ont fait le point sur le futur format du compte de résultat (norme IFRS 18).

Les 20 ans de travaux de l’IASB pour améliorer la norme actuelle (IAS 1), qui a toujours été considérée par les investisseurs comme très insuffisante alors que le compte de résultat est l’état financier le plus examiné par les analystes, ont d’abord été évoqués. Après presque 15 ans d’approche très conceptuelle, centrée sur le résultat global (comprehensive income), sans aucun résultat pratique, le normalisateur international s’est décidé, à partir de 2015, à simplement améliorer l’existant. Un projet a été présenté fin 2019, aboutissant à une norme (IFRS 18) tout juste publiée en avril 2024.

Les multiples contributions techniques de la commission Comptabilité de la SFAF à l’IASB sur toute cette période ont également été rappelées. Celles-ci ont principalement consisté à souligner :
1/ le désintérêt des investisseurs pour le résultat global,
2/ la nécessité d’une meilleure structuration du compte de résultat (soldes intermédiaires), sans options,
3/ la nécessité d’une meilleure granularité, en particulier avec une présentation des charges par nature.
Ces grandes lignes doivent permettre une meilleure compréhension de la performance, tout en apportant une plus grande comparabilité de l’information entre émetteurs.  

La norme IFRS 18 introduit des blocs, mieux définis, sans trop d’options, dans le compte de résultat : Exploitation, Investissement, Financement, Impôts, et Opérations en cours de cession. Les sociétés mises en équivalence ne peuvent plus être intégrées dans l’exploitation. C’est une nette amélioration, même si on peut être surpris par certains choix, en particulier sur les produits d’intérêt sur la trésorerie, classés en Investissement...
La norme introduit également une réconciliation obligatoire, dans les annexes, de tous les agrégats non définis par la norme (Mesures de la performances choisies par le management, ou encore MPM), du type EBITDA ajusté, qui sont rapprochés de l’agrégat IFRS le plus proche, avec un détail de l’impact sur les impôts et les minoritaires. Cependant, si ces MPM sont audités, cette nouvelle obligation arrive près de 10 ans après la recommandation de l’ESMA pour l’Union européenne, qui impose des réconciliations aux mesures alternatives de performance ne se limitant pas au seul compte de résultat, au contraire des MPM.    

La grande faiblesse de cette norme reste l’absence de désagrégation obligatoire de l’exploitation par nature (achats, personnel, amortissements...), alors que la présentation par fonction (coûts des ventes, frais administratifs et commerciaux…) reste une option possible, bien que fondamentalement subjective, empêchant toute comparaison sérieuse entre sociétés. La présentation par nature, plus fine et moins subjective, apporte aussi un lien avec le bilan, le tableau de flux de trésorerie ou les annexes, et également un meilleur lien avec l’information extra-financière. Les réconciliations imposées (personnel, amortissement et provisions) restent très insuffisantes car partielles.
De même, l’IASB a renoncé à rendre obligatoire une note en annexe sur les éléments inhabituels, au risque que les analystes financiers n’apprécient pas correctement, et plus objectivement, la qualité de la performance des sociétés.
Au-delà de ces points principaux, notons que le tableau de flux de trésorerie impose certains reclassements, notamment des produits et charges sur l’endettement net et les dividendes reçus des sociétés mises en équivalence.

Les analystes devront donc se familiariser avec ce nouveau format, tant pour ses qualités que ses limites, avant son entrée en vigueur début 2027.


Bertrand Allard et Jacques de Greling, co-présidents de la commission Comptabilité de la SFAF, le 11 septembre à la SFAF.

Pour aller plus loin

Documents et lettres de la Commission Comptabilité et Analyse Financière de la SFAF

Documents publics de l’IASB