Dans la plupart des pays, les investisseurs utilisent des techniques d’engagement afin de protéger la valeur de leurs actifs financiers. Très nombreuses et diverses, les initiatives d’engagement collaboratif ont une réelle influence. Nous en avons recensé quelques-unes.
L’engagement est devenu le vecteur le plus important de la finance durable de par le monde, car il est, avec l’exclusion de secteurs ou de sociétés, la méthodologie la plus fréquente. L’engagement actionnarial consiste, pour les investisseurs en actions, à influencer le comportement des entreprises en favorisant l'adoption de pratiques responsables par le biais d'un dialogue avec les entreprises et d'une participation active aux assemblées générales. Les mêmes pratiques de dialogue existent pour les détenteurs d’obligations, mêmes s’ils ne sont que très rarement invités à voter lors d’assemblées générales.
Même si d’évidence l’engagement porte sur une part très importante des actifs financiers, il serait hasardeux de fournir une évaluation précise du nombre d’institutions concernées. On peut estimer que les signataires des PRI (Principles for Responsible Investment) constituent une bonne approximation, soit à fin mars 2024 4827 investisseurs finaux et sociétés de gestion et 128,4 billions $ sous gestion.
Les thématiques d’engagement sont très larges et couvrent la totalité des sujets financiers et relevant de la durabilité. L’engagement est même souvent un « indicateur avancé » des préoccupations boursières des investisseurs. Il peut donc avoir une incidence forte sur les évaluations et cours de Bourse, et il est impératif que les analystes s’en tiennent informés.
Dans l’impossibilité de recenser de façon exhaustive toutes les initiatives d’engagement dans le monde, nous nous sommes limités aux opérations les plus importantes des PRI et à quelques initiatives européennes susceptibles de fournir des données utiles.
Engagements collaboratifs fédérés par les PRI :
- Climate Action 100+ : une initiative qui regroupe 700 investisseurs et porte sur 160 groupes mondiaux. Elle vise les risques liés au changement climatique et la limitation des émissions de gaz à effet de serre des sociétés les plus émettrices, afin de protéger la valeur à long terme des actifs financiers.
- Advance fait la promotion des droits humains, insistant auprès des sociétés comme des gouvernements sur leur respect tout au long de la chaîne de valeur. 265 investisseurs y sont partie prenante, dont les encours sont de l’ordre de 35 billions $. En particulier, 115 d’entre eux se focalisent sur 23 groupes du secteur minier.
- Spring a été lancé récemment et s’attaque aux pertes de biodiversité et aux risques financiers matériels y afférent, notamment la déforestation et la dégradation des sols en Amérique Latine et dans le sud-est asiatique. D’ores et déjà 128 investisseurs, représentant 10 billions $, y sont associés.
Quelques initiatives plus spécifiques :
- Celles de l’association ShareAction, basée au Royaume-Uni et à laquelle différents fonds de pension participent. Ses domaines d’intervention sont larges, allant du climat aux conditions de travail et à la situation des travailleurs pauvres en passant par la santé (obésité, santé mentale par exemple).
- ShareholdersForChange est un groupe d’investisseurs institutionnels européens, qui mettent en avant des sujets proches ainsi que d’autres moins courants tels que la finance solidaire et la justice fiscale.
- 30% Club Investor Group, qui associe plus de 1000 investisseurs dans le monde, insiste sur la part des femmes dans les conseils d’administration et dans les comités exécutifs, avec 30% d’objectif minimal dans les pays n’ayant pas encore émis d’obligation règlementaire.