L’association AF2I (Association Française des Investisseurs Institutionnels) et Hexagone réalisent chaque année une enquête sur les pratiques ESG des sociétés de gestion de portefeuille (SGP). 191 SGP, tant françaises qu’étrangères, y ont répondu, dont 180 sont signataires des PRI. Les premiers résultats de l’étude 2024, portant sur l’année 2023, sont disponibles.
Données générales
53% des SGP ont une équipe ESG dédiée, dont 38% pour celles qui ont les plus faibles encours. Parmi celles qui gèrent uniquement des actifs cotés, en moyenne 22% des effectifs ETP (équivalent temps plein) sont en charge de sujets ESG, incluant l’analyse ESG, le reporting ESG et les votes en assemblée générale. En comparaison, les SGP spécialistes du non coté sont à 10%.
181 SGP ont mis en place des formations spécifiques, du type réglementation, climat, biodiversité.
Beaucoup de SGP sont partie prenante à des initiatives d’engagement, les plus fréquentes étant CDP, Climate Action 100+, Net Zero Asset Managers Initiative, Finance for Biodiversity Pledge, Nature Action 100, Access to Medecine, 30% Club et Workforce Disclosure Initiative.
Intégration de critères ESG
62% des SGP ont une politique générale ESG visant l’intégration des 3 piliers, les autres ciblant plus l’un ou l’autre des piliers ESG.
148 SGP font appel à des fournisseurs de données, principalement Bloomberg, MSCI ESG, ISS, Sustainalytics, S&P Trucost, et pour des sujets plus spécifiques Reprisk, CDP, Carbon4, ENCORE, Iceberg. Les 89 SGP qui communiquent sur le coût d’accès à ces données externes signalent que leur budget moyen a progressé de 17% en 2023 (par rapport à 2022) et qu’il représente désormais15% du budget consacré aux données financières.
Concernant les exclusions, 84% des SGP ont une politique d’exclusion sur le tabac (1er critère d’exclusion non dictée par la réglementation) et 70% sur le non-respect des principes du Global Compact (2ème critère d’exclusion).
128 SGP calculent leur exposition aux risques physiques et de transition mais… rares sont celles qui publient leur estimation quantitative de l’impact financier de ces risques.
Politiques thématiques
Les politiques thématiques ciblent l’un des piliers ESG, avec un angle spécifique.
L’angle le plus fréquent est sans aucun doute le climat. Ainsi, 46% des SGP ont adopté pour leurs investissements des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, visant une trajectoire net zero en 2050, ce qui suppose une estimation « scope 3 » des émissions de carbone.
70% des SGP disposent d’informations quant à leur exposition aux énergies fossiles. Concernant le charbon, l’ONG Urgewald est une source fréquente.105 ont une politique de désinvestissement du charbon, soit 79% des SGP pouvant effectivement investir dans ce domaine. 79 SGP ont précisé une date de sortie du charbon, dont 32 entendent en sortir en 2030 pour les pays de l’OCDE et en 2040 pour les autres pays ; 21 autres SGP en sortiront auparavant. Néanmoins, 65 SGP françaises n’ont pas encore mis en place de date publique de sortie définitive du charbon, alors qu’il s’agit d’une obligation réglementaire.
Enfin, la biodiversité reste un parent pauvre : 60% des SGP n’en prennent pas encore en compte les enjeux, 16% font de l’engagement, 6% de l’exclusion, et 18% allient engagement et exclusion.