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La technologie numérique de la blockchain – démocratisée à la fin des années 2000 avec la première application à une crypto-monnaie, le Bitcoin – est-elle une révolution pour l'ensemble des classes d'actifs traditionnelles ? Le 12 février, la SFAF a invité Alexis Bourdillat, co-fondateur et président de Readi, et Yves Maillot, fondateur et PDG de YAM Capital et membre de la SFAF, afin de discuter blockchain et tokenisation.
Yves Maillot, membre de la SFAF, fondateur de YAM Capital et ancien responsable de la gestion chez Robeco et Natixis AM, et Alexis Bourdillat, fondateur due Readi et ancien gérant, ont évoqué à cette occasion ces nouveaux produits de la finance et la façon dont ils sont en train de faire évoluer le métier de gérant et, plus largement, la conception même de la circulation monétaire.
Qu’est-ce que la blockchain ?
C’est, d’une part, une technologie de stockage et, d’autre part, un outil de transmission d’informations de manière transparente et sécurisée, et fonctionnant sans la nécessité d’organe central de contrôle. Elle est associée à une base de données qui contient l’historique de tous les échanges, donc la traçabilité est totale.
La blockchain est :
1/ Immuable : il est impossible de modifier les données une fois inscrites dans la chaîne de blocs ;
2/ Transparente : toute personne peut vérifier les données à l’intérieur de la chaîne de blocs ;
3/ Décentralisée : la gouvernance est partagée et personne ne détient un pouvoir central ;
4/ Authentifiée : les transactions sont signées et reconnues numériquement.
La blockchain mondialement connue est évidemment celle du Bitcoin. Le transfert d’actifs par ce protocole explique comment on est progressivement passé d’une transmission d’informations à une monnaie virtuelle, au départ comme récompense des contributeurs à la chaîne d’information (les “mineurs” ayant mis à disposition leurs capacités de calcul)
Ses encours représentent désormais 1800Mds de $, pour un marché total des cryptomonnaies d’environ 3000Mds$. Il est à noter que, sur les 21 millions de bitcoin à créer, 20 l’ont déjà été et que tous les 4 ans la récompense des « mineurs » est divisée par 2.
Une implication directe de cette blockchain dans les métiers de la finance est que, à terme, elle peut se substituer aux systèmes de règlement existants, en réduisant les coûts et en se faisant en instantané :
- Atomic Settlement : une transaction instantanée et indivisible, validée de manière simultanée par toutes les parties (élimination du risque de règlement/livraison) ;
- Stablecoins : les stablecoins qui circulent sur différentes blockchains (Ethereum, Solana…) permettent des paiements instantanés sans restriction horaire (exemple des Stablecoins du Dollar US : USDC, USDT).
Les intermédiaires traditionnels sont alors supprimés.
Tokenisation et monnaies numériques
La deuxième partie de la présentation a été consacrée à la tokenisation. Derrière ce néologisme, se cache un concept simple : l’association d’un actif du monde réel à un jeton. Une forme de titrisation en quelque sorte, dans laquelle l’imagination est la limite car tout actif peut être « tokenisé » : une œuvre d’art, un arbre, une action, un fonds, un bien immobilier ou de l’or, par exemple.
Les avantages sont nombreux et assez identiques à la blockchain : l’accessibilité (on peut investir dans l’actif sous-jacent pour des sommes minimales), la désintermédiation et la cotation permanente.
Enfin, Yves Maillot et Alexis Bourdillat ont évoqué les MNBC (Monnaie Numériques de Banques Centrales), soit là encore la dématérialisation des devises par les banques centrales.
Trois types de projets existent :
- La MNBC fondée sur les dépôts (Deposit Token) : émise par la Banque Centrale mais distribuée via les banques commerciales, elle a pour avantages de préserver le système bancaire, d’être facilement intégrable et d’améliorer les règlements. Cependant, elle ne change pas l’architecture monétaire actuelle et les personnes physiques n’y ont pas accès directement de manière garantie.
- La MNBC en jetons numériques (Token based) : elle permet un accès direct par les utilisateurs (un Stablecoin étatique) et est une alternative au cash sans compte permettant des paiements numériques sécurisés, en détention directe. Cependant, il existe un risque de désintermédiation financière et les problématiques RGPD sont nombreuses.
- La MNBC hybride (Hybrid Two-Tier CBDC) : elle est émise par la Banque Centrale mais la gestion et la distribution sont assurées par les banques commerciales. Dans ce cas de figure, les particuliers possèdent des “wallets” (portefeuilles)numériques non bancaires, mais la MNBC reste liée aux infrastructures bancaires. Elle correspond ainsi à un équilibre entre les 2 schémas précédents qui préserve le système bancaire, mais qui reste complexe à mettre en œuvre.
Pour compléter leur intervention, Yves Maillot et Alexis Bourdillat ont répondu à quatre questions afin de présenter la blockchain et la tokenisation, véritables révolutions pour l'ensemble des classes d'actifs traditionnelles :
- Quelle est l'utilité d'une blockchain ?
- Comment expliquer le succès du Bitcoin ?
- A quoi sert la tokenisation ?
- Qu'est-ce qu'une MNBC (monnaie numérique de banque centrale) ?
La présentation des intervenants diffusée pendant la réunion est téléchargeable via ce lien, en accès réservé aux membres de la SFAF.
Découvrez via ce lien la vidéo de présentation de la certification DiAM (Digital Asset Manager) sur le marché des crypto-actifs (MiCA), conçue par l'EFFAS, l'association européenne des analystes financiers, et proposée en France par la SFAF, avec Antoine Goyer, directeur de l'Académie SFAF.