Compte de résultat : bientôt le grand bond en avant ?
Jacques de Greling, co-président de la Commission comptabilité et analyse financière, et Marie-Pascale Peltre, vice-présidente, ont participé le 6 septembre 2017 à une consultation publique (Outreach) organisée à Paris par l'Autorité des Normes Comptables (ANC) et co-animée par l'IASB et l'EFRAG sur le thème « Amélioration de la communication ».
Le thème de cette réunion était le projet Amélioration de la communication (« Better Communication ») et, plus particulièrement, sa composante « Présentation des états financiers ». Ce point est d'une importance capitale pour les analystes financiers car il vise principalement à définir le format et le contenu du compte de résultat, qui n'est presque pas réglementé dans les normes IFRS actuelles (IAS 1), ce qui n'est pas sans poser de problème de comparaison, voire de compréhension.
Les deux représentants de la SFAF ont rappelé que les analystes souhaitent une meilleure définition des soldes intermédiaires, a minima quelque chose qui s'apparente à un résultat opérationnel. L'IASB s'oriente vers la notion d'EBIT, ce qui suppose de bien définir les éléments inclus dans les impôts et dans les charges financières d'une part, et de supprimer certaines options de présentation (pour les retraites, les sociétés mises en équivalence…) d'autre part.
Associée à ce thème, se pose la question de savoir s'il faut faire apparaître de manière séparée dans le haut du compte de résultat des éléments « non-récurrents », « inhabituels » ou « spécifiques » (plus-values de cession, impairment…). La SFAF estime que cela est éventuellement possible mais en restant encadré. Les entreprises sont, bien entendu, très demandeuses de ces possibilités, désireuses de pouvoir, comme on l'entend trop souvent, « raconter leur histoire »…
Les deux membres de la SFAF en ont profité pour rappeler avec insistance que les utilisateurs de comptes sont de farouches partisans de la présentation du compte de résultat par nature (achats, personnel, amortissements…). La présentation par fonction (coûts des ventes, marketing, R&D…) n'est pas comparable d'une entreprise à l'autre et, la plupart du temps, le poste « coût des ventes » représente, à lui seul, 70 % des coûts opérationnels, empêchant ainsi toute comparaison et tout travail d'analyse approfondie. A l'inverse, une présentation par nature est toujours riche de ses liens avec de l'information présentée ailleurs dans les états financiers (amortissements / immobilisations, personnel / effectifs…), ce qui est très précieux. Et, point central, un compte de résultat présenté par nature permet un rapprochement très intéressant avec la présentation des flux générés par l'exploitation dans le tableau des flux de trésorerie. On comprend mieux pourquoi les analystes américains, dans un pays où la présentation par fonction est ultra-dominante, demandent à avoir une présentation du compte de résultat par nature…
Espérons que de nombreux membres de la SFAF sauront relayer ces importants messages auprès des émetteurs avec qui ils sont en contact.