L'expression de la « raison d'être » de l'entreprise, préalable à un rapport réellement intégré ?
Le rapport Notat-Senard sur « L'entreprise, objet d'intérêt collectif », remis au Gouvernement le 9 mars dernier, s'ouvre sur un constat qui résonne avec les travaux menés de longue date par la commission Analyse extra-financière de la Société française des analystes (SFAF) : le court-termisme et la financiarisation pèsent sur la vie de l'entreprise.
En effet, nous plaidons depuis longtemps pour une meilleure intégration dans l'analyse d'une entreprise d'éléments extra-financiers facilitant la compréhension de la durabilité de la création de valeur.
La recommandation n°2 du rapport porte sur la formulation par les entreprises d'une « raison d'être » qui viserait à expliciter la stratégie à la lumière des enjeux sociaux et environnementaux (cf. pages 6 et 49 du rapport). Nous remarquons que cette notion de « raison d'être », entendue comme ce qui donne du sens à l'objet collectif qu'est l'entreprise, rejoindrait tout-à-fait la philosophie qui préside à l'élaboration d'un rapport intégré.
La commission Analyse extra-financière de la Société française des analystes financiers (SFAF) a lancé un groupe de travail sur le rapport intégré afin de mieux cerner comment ce nouvel outil est perçu et utilisé par les professionnels. Il nous semble en effet important d'attirer l'attention des analystes et des gérants sur l'apport du rapport intégré dans la compréhension et l'analyse de l'entreprise. L'exercice est fructueux si, comme le préconisent d'ailleurs les promoteurs du rapport intégré - au premier rang desquels l'IIRC -, le rapport intégré n'est pas uniquement un outil supplémentaire dans l'arsenal de communication financière, mais bien un document incarné reflétant la mise en œuvre d'une réflexion intégrée au sein de l'entreprise.
La mise en avant par le rapport Notat-Senard de la « raison d'être » rejoint cette analyse, à condition qu'elle soit le fruit d'une réelle et profonde réflexion interne sur la stratégie de l'entreprise. Au-delà d'un exercice de communication, l'expression d'une réelle pensée intégrée, constitue la base indispensable du rapport intégré.
Nous communiquerons plus précisément sur cette enquête dans une prochaine Lettre électronique Analyse financière. Les réponses des membres de l'association seront précieuses pour que la SFAF fasse entendre sa voix dans la réflexion actuelle et faire en sorte que le rapport intégré ne soit pas un rendez-vous raté, mais l'occasion de mettre en place une réelle compréhension et analyse intégrée de l'entreprise.
Corinne Baudoin et Alban Eyssette, membres de la commission Analyse extra-financière de la SFAF
Née en 2015 du rapprochement de la commission ESG et de la commission de l'immatériel, la commission Analyse extra-financière axe ses travaux sur les facteurs considérés en première approche comme « non-financiers », tels que les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance, ainsi que les actifs dits immatériels, au service de l'analyse, de la valorisation des entreprises et de l'investissement.
Réservées aux membres de la SFAF, les réunions mensuelles de la Commission sont complétées par les réunions ad-hoc des groupes de travail, qui sont au nombre de deux actuellement : certificat d'analyse extra-financière et rapport intégré. Elles sont aussi un lieu de dialogue avec ses partenaires externes, à l'occasion de travaux communs.
La commission est co-présidée par Marie-Pierre Peillon, directrice de la recherche de Groupama AM, et Corinne Baudoin, consultante en communication financière et extra-financière, administrateur de la SFAF.