Quelles sont les pratiques des entreprises du SBF 120 vis-à-vis des Objectifs de développement durable (ODD), adoptés par les Nations-Unies en 2015 et devant être atteints en 2030 ? La récente étude nationale de B&L évolution, « Entreprises engagées pour les ODD : quelles pratiques se démarquent ? », montre une mobilisation croissante des sociétés, marquée toutefois par des disparités. Explications de Sylvain Boucherand, PDG de B&L évolution.
Les 193 pays membres de l'ONU ont adopté à l'unanimité, en septembre 2015, le Programme de développement durable à l'horizon 2030 qui définit 17 Objectifs de développement durable (ODD) à atteindre d'ici 2030. Déclinés en 169 cibles, ces ODD visent à lutter contre les inégalités et l'exclusion, à faire face au défi climatique et à l'érosion de la biodiversité ou, encore, à mettre fin à l'extrême pauvreté.
Les gouvernements, comme le secteur privé et la société civile, sont encouragés à se mobiliser dans le but d'atteindre les objectifs de cet agenda mondial.
Le rôle des entreprises dans leur mise en œuvre est majeur, au même titre que celui des gouvernements. La récente étude nationale de B&L évolution, « Entreprises engagées pour les ODD : quelles pratiques se démarquent ? », réalisée pour établir un état des lieux de la mobilisation des entreprises pour les ODD et de leurs actions mises en place, montre une mobilisation croissante pour les ODD marquée par des disparités. Sur la base d'une enquête en ligne ouverte à toutes les entreprises du SBF 120, l'étude analyse le niveau de prise en compte des ODD par les entreprises du SBF 120 au travers de leurs actions et engagements.
Le constat est double : soit les entreprises ne parlent pas du tout des ODD, soit elles en mentionnent un ou plusieurs. Près de la moitié de ces sociétés semble prendre en compte les ODD, les mentionnant a minima dans leur rapport annuel. L'étude a également permis d'identifier qu'un tiers se mobilise pour leur mise en œuvre. Cette mobilisation se traduit par le détail d'au moins une action en place contribuant à la réalisation d'un ou plusieurs ODD.
Une part importante des entreprises du SBF 120 a donc pris le pas d'utiliser le langage des ODD et d'y rattacher ses objectifs de RSE, à l'exception, semble-t-il, du secteur des transports. Les modes d'appropriation et d'action en faveur des ODD diffèrent d'une société à l'autre. Les ODD sont mentionnés d'une manière globale dans les secteurs des services et de l'industrie manufacturière, sans précision d'objectifs en particulier. Les secteurs de la construction, immobilier et hôtellerie, de la santé et l'alimentation, ou encore de la banque et services financiers, ont une approche plus ciblée sur quelques ODD spécifiques. Peu d'entreprises précisent les cibles ou les indicateurs liés aux ODD, ce qui montre un niveau d'appropriation encore très global.
Les actions majoritairement déployées sont des démarches de mécénat et de partenariats avec les parties prenantes valorisant et renforçant la démarche RSE de la société. Relativement peu d'entreprises développent une réelle stratégie structurée et intégrée aux ODD. Par exemple, une minorité d'entre elles développe de nouveaux produits et services dans le but de répondre à des ODD précis. Pourtant, les intégrer dans la réflexion et le business model est un véritable levier d'action au service de la performance globale. Les entreprises doivent donc se poser la question : comment mon activité, mes produits ou services peuvent-ils contribuer à atteindre les ODD ? Il ne suffit pas de mettre en parallèle ses actions RSE aux ODD, comme c'est majoritairement le cas. Le réel enjeu réside dans le degré d'intégration des ODD au cœur d'activité de l'entreprise.
Les ODD, un levier de transformation
Aujourd'hui, les ODD sont incontournables et doivent être pris en considération. Intégrer les ODD dans la stratégie représente à la fois une opportunité d'innovation et de transformation du modèle économique, tout en contribuant à répondre à des enjeux sociétaux et environnementaux forts. La prise en compte et l'intégration des ODD permet notamment de :
- Valoriser son métier (d'autant plus s'il est à vocation sociale et sociétale) dans le cadre d'objectifs mondiaux ;
- Adopter le langage universel du développement durable et des entreprises citoyennes ;
- Aligner et challenger sa démarche RSE sur des objectifs internationalement reconnus ;
- Maîtriser ses risques RSE, voire ESG, pour les entreprises ayant une activité de financement/investissement ;
- Innover dans son métier et saisir de nouvelles opportunités de développement à vocation sociétale, sociale ou environnementale ;
- Renforcer son dialogue parties prenantes autour d'objectifs clairs et partagés en France et à l'international ;
- Mobiliser ses collaborateurs autour d'objectifs fédérateurs et porteurs de sens.
L'intégration des ODD doit nourrir une approche transversale de la stratégie RSE des entreprises. Selon l'étude, la moitié des répondants estiment que le sujet s'intégrera la stratégie générale de leur entreprise d'ici 3 à 5 ans. Les ODD pourraient donc bien être le thème montant des prochaines années. D'autant que des investisseurs commencer à questionner leurs entreprises sur la prise en compte des ODD au cours des derniers mois. Cela devrait participer à l'accélération du mouvement !
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