Sous l'égide de Philippe Clermont et Antoine Nodet, co-présidents du groupe sectoriel aéronautique-défense-sécurité et espace de la SFAF, une dizaine de membres se sont rendus, le 26 octobre 2018, au salon Euronaval, premier salon au monde dans le domaine de la marine.
L'officier accompagnateur, avant d'emmener le groupe sur un circuit personnalisé, a brièvement rappelé les enjeux de la mer et de ses industries . En particulier les nouvelles menaces (trafic d'êtres humains, de drogue ou encore d'organes) et la montée en puissance de nouveaux acteurs. La Chine, en à peine cinq ans, a construit une flotte équivalente à celle de la France et est désormais capable d'assurer la permanence en mer sur l'ensemble du globe. En France, le secteur naval se porte bien et exporte, sur longue période, plus que le secteur aéronautique de défense. L'intérêt principal de la visite était la rencontre avec de très nombreuses sociétés non cotées, permettant ainsi d'approfondir la connaissance du secteur.
Tout d'abord Xblue, société récente dans le secteur mais déjà bien implantée grâce à l'innovation dans les centrales inertielles à laser, connaît une croissance à deux chiffres et son implantation internationale, tout comme dans le civil, est déjà forte. Les engins autonomes et autres drones ainsi que les bâtiments de surface offrent un potentiel considérable. Il s'agit ici d'un concurrent sérieux pour les autres sociétés cotées.
MBDA nous a présenté ses gammes de missiles mer-mer, air-mer et anti missiles dont certains ont été éprouvés dans des conditions opérationnelles, tels que l'Exocet ou le MdCN lors de l'opération « Hamilton » en avril 2018 en Syrie.
Naval Group (ex-DCNS), 3 milliards € de CA dont 35% à l'international, nous a présenté une analyse des menaces et un historique de l'évolution de la gamme des navires conçus et construits par le groupe. L'impérieuse nécessité de l'export a été rappelé, ainsi que des programmes en commun européens, du fait de séries trop courtes pour la seule marine française. Or, la concurrence s'intensifie sur les marchés internationaux, non seulement de la part de la Chine, qui bénéficie de séries longues pour l'équipement national et de subventions et de coûts anormalement bas, mais également du Pakistan, de la Turquie, de la Corée ou encore d'Israël.
Nexter a eu l'occasion de démontrer que le groupe n'est pas uniquement un producteur de blindés grâce à une présentation de ses différents canons à la conduite de tir évoluée et adaptative, ainsi que les innovations en matière de munitions, un domaine où la France avait beaucoup reculé au cours des 35 dernières années.
Quant aux sociétés cotées, elles n'ont pas été oubliées non plus. Le directeur financier de Safran a introduit les innovations du groupe et les produits destinés aux nouveaux programmes dans le domaine de la marine.
Thalès a présenté de manière exhaustive ses activités les plus en pointe, avec un exposé complet des opportunités : lutte anti-sous-marine, sonars de nouvelle génération et radars (notamment exportés aux USA, ce qui est unique).
Saab, dans la foulée du Bourget et d'Eurosatory, a de nouveau souhaité rencontrer les membres de l'association, pour proposer une présentation exhaustive de la capacité de chantier en matière de sous-marin et de navires de surface mais également d'électronique (radars, sonars..), de missiles antinavires, de torpilles, et de drones, en particulier pour la soudure sous-marine (têtes de puits de pétroles) ou encore la surveillance sous-marine dont les installations pétrolières et gazières.
Pour conclure, un regret notable : la visite chez Fincantieri, société cotée qui a des ambitions en France, a été succincte en dépit du grand nombre de domaines d'activité, tant dans le civil que dans la défense.
Prochain rendez-vous pour le groupe sectoriel : le salon aéronautique du Bourget en juin 2019.
Le sujet « La mer et l'eau : risques et opportunités économiques et financiers » fera l'objet d'un dossier dans l'édition 70 de la revue Analyse financière, à paraître en janvier 2019.