L'Association Française du Family Office (AFFO) a publié fin décembre 2018 son sixième livre blanc intitulé « la gestion des risques pour les familles ». Objectif ? Sensibiliser les familles aux risques auxquels elles peuvent être confrontées, mais aussi livrer aux Family officer la palette d'outils du Risk manager. Rémi Beguin, président de la commission « Gestion des Risques » de l'AFFO, répond aux questions d'Analyse financière, la lettre électronique de la SFAF.
Le sujet de la gestion des risques pour les familles est-il nouveau ?
Non. Ce qui l'est, c'est son traitement par une commission d'experts qui s'est réunie pour réfléchir sur le sujet en vue de la publication d'un livre blanc. L'ambition est de sensibiliser les Family officer aux risques afin qu'ils les abordent, avec le plus de méthode possible, avec les familles qu'ils accompagnent et protègent. L'objectif est qu'à l'aide de ce guide pratique, véritable « couteau suisse », ils puissent leur transmettre une culture du risque.
Comment se répartissent les risques identifiés par la commission comme étant spécifiquement liés aux familles (poids des risques économiques et financiers par rapport aux autres risques, par exemple) ?
La cartographie des risques susceptibles d'entraver l'objectif de protection des intérêts familiaux et patrimoniaux d'une famille n'est jamais la même. Les risques sont propres à chacune d'elles en fonction de ses origines, de sa culture, de son histoire ou de ses expériences. Certaines font face à des problèmes de prise de décision, de gouvernance, d'autres de diversification ou encore d'image. Bien entendu, la part des risques financiers ou économiques, qui peuvent être aussi la conséquence d'autres risques, reste déterminante dans toute analyse.
Quels sont aujourd'hui les risques majeurs ? Quelle en a été l'évolution ?
Le premier risque reste de ne pas avoir conscience des risques mais, comme nous l'affirmons, le fait de les gérer est source d'opportunités. Les évolutions sont perpétuelles, certains risques peuvent s'atténuer voire disparaître pour laisser place à de nouveaux. Les risques géopolitiques nous semblent prendre une part croissante avec la mobilité grandissante volontaire ou qui en est une conséquence. Les cyber-risques et le piratage de données prennent et prendront une importance toujours plus grande en raison des nouveaux usages, des nouvelles technologies. Les risques de réputation, d'image, avec l'utilisation des réseaux sociaux en particulier, devront inciter les familles à se protéger davantage en ayant déjà pris conscience de leur comportement.
Concernant les risques économiques et financiers, la digitalisation et la désintermédiation de certains produits ou services (financement participatif, investissement via des sites d'épargne en ligne, crypto-actifs, etc.) présentent-elles un danger pour les familles ? Comment le Family officer peut-il intervenir pour y remédier ?
La digitalisation et la désintermédiation peuvent-être pour les familles aussi bien source d'opportunités que de dangers s'ils n'ont pas été anticipés et pris en considération. Le rôle du Family office est d'être averti pour parfaitement sensibiliser la famille. S'informer et bien s'informer fait partie de sa fonction. La diversification est également l'une des réponses à laquelle veillera le Family office.
Vous recensez les risques et proposez des méthodes de gestion par le Family officer, mais vous n'abordez pas les risques pris par le Family officer lui-même dans l'exercice de ses fonctions (risques de piratage informatique, notamment) : est-ce voulu ?
Dans mon avant-propos, je précise que les Family officer sélectionnés doivent veiller à garantir aux familles une organisation pérenne. La gestion des risques touchant leurs propres structures n'a volontairement pas été abordée mais elle est largement sous-entendue. Nous pouvons facilement imaginer que la famille en a fait un critère fondamental du choix de son Family officer. La sécurité des données, qui touche tout le monde, a été largement abordée et doit faire l'objet d'une attention particulière en vue de son traitement.
Peut-on dire que le métier de Family officer est identique à celui de Risk manager ?
En assurant la gestion des risques d'une famille, le Family officer endosse la « panoplie » du Risk manager. Sa mission est toutefois beaucoup plus large dans l'exercice de sa fonction pleine et entière sur de nombreux sujets. C'est le confident, le chef d'orchestre. C'est le cas lorsqu'il propose de nouveaux investissements, lorsqu'il fait le lien entre les membres de la famille dont les intérêts ne sont souvent pas alignés ou encore lorsqu'il forme les générations futures.
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