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13/06/2019 Formation

IFRS 16 : un 30 juin 2019 de tous les dangers

La norme IFRS 16 remplace IAS 17 depuis le 1er janvier 2019. En mai, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a attiré l'attention du marché sur les impacts relatifs aux indicateurs et ratios financiers présentés par les sociétés cotées. Compte tenu de l'importance du sujet pour certains secteurs économiques et des impacts pour les analystes financiers, la Société française des analystes financiers poursuit sa mobilisation sur ce sujet.

L'AMF, dans un communiqué publié le 23 mai 2019, attire l'attention du marché sur les impacts relatifs aux indicateurs et ratios financiers présentés par les sociétés cotées. Dans ce communiqué, l'AMF indique que, pour certains secteurs (transport, distribution, hôtellerie ou télécoms…), les impacts attendus devraient être très significatifs et l'Autorité des marchés encourage les émetteurs à être transparents dans leur communication IFRS et « Non Gaap ».

La SFAF, consciente des impacts majeurs liés à l'application d'IFRS 16 (contrat de location - Lease) au 1er janvier 2019, a organisé le 16 avril dernier, un atelier « Cinq à sept » réunissant des émetteurs et des utilisateurs pour partager les premiers retours d'expérience sur les impacts attendus et confronter les pratiques.

Un focus particulier a été mis sur les conséquences sur le tableau de flux de trésorerie qui est chamboulé par IFRS 16 car la norme a un impact majeur sur les ventilations des flux et notamment les flux des opérations (FFO). Cela ne va pas simplifier la tâche des analystes !

On notera également qu'à vouloir capturer toute la dette, l'actif économique et, par conséquent, le ROCE (Return On Capital Employed - Rentabilité des capitaux investis) ne sont plus des ratios pertinents, ce que la SFAF avait contesté dès le début du projet.
Jacques de Greling, co-président de la commission Comptabilité et Analyse financière de la SFAF et directeur chez Scope Ratings, et Pascale Mourvillier, administratrice de la SFAF, co-présidente de la commission Emetteurs, membre de la commission Comptabilité et Analyse financière de la SFAF et présidente de PAM EXPERTISE, ont déroulé les principaux « pièges » de la norme à travers des exemples concrets comme la différence entre un contrat de location et un contrat de service, la location de moins de 12 mois, la durée de location, les agencements, le calcul des taux d'actualisation…

Pour illustrer, les conférenciers ont présenté également une comparaison des options retenues dans le secteur des télécommunications, tant au niveau comptable qu'en termes de communication financière.

En conclusion de ce « cinq à sept », la SFAF, avant même le communiqué de l'AMF, a souhaité que les émetteurs soient transparents sur les options utilisées et leurs chiffrages pour permettre aux analystes financiers de bien cerner les impacts de la norme. Mais force est de constater que l'objectif initialement affiché par l'IASB de supprimer l'arbitraire entre la location financement et la location simple, et de soi-disant simplifier les retraitements opérés par les analystes ressemble au Saint Graal. En effet, la comparabilité, compte tenu des options en particulier de première application, est jugé par certains comme la grande oubliée. Enfin, IFRS 16 se traduira très certainement, chez certains émetteurs, par l'utilisation de nouveaux Key Performance Indicators - KPIs (non GAAP !) qui s'éloigneront encore plus des IFRS.

Bref, tout ça pour ça !

Pour aller plus loin sur IFRS 16 :
– « IFRS 16 ou l'EBITDA dans tous ses états », par Pascale Mourvillier, revue Analyse financière n°65 (octobre-décembre 2017)
– « IFRS 16 ou l'Ebitda dans tous ses états : Saison 1 – épisode n°1 », lettre électronique « Analyse financière (juin 2017)
– « Norme IFRS 16 : une fausse bonne idée ? », lettre électronique « Analyse financière » (avril 2017)
– « Conférence de la Fondation IFRS : la SFAF interpelle l'IASB », lettre électronique « Analyse financière » (février 2017)