Le 15 juin dernier, la SFAF a organisé, en coopération avec plusieurs autres institutions et organisations de Place, le colloque « IFRS 16 ou l'Ebitda dans tous ses états ? ». Cette norme, qui vise les contrats de location (Lease), devrait entrer en vigueur en 2019. La manifestation a donné lieu à d'intenses échanges entre les professionnels (analystes financiers, émetteurs, agences de notation) et les représentants des autorités de Place. Plus de 150 personnes étaient présentes dans l'amphithéâtre de Gecina.
A l'occasion du colloque organisé le 15 juin 2017, la SFAF a officiellement lancé la commission Emetteurs qui a pour ambition de faire « travailler » ensemble les différentes associations parties prenantes à l'information financière SFAF, AFTE, AFEP, CLIFF et Middlenext, etc…
La norme IFRS 16 « Contrats de location », obligatoire au 1er janvier 2019, va révolutionner l'information financière, notamment le P&L et le tableau de flux de trésorerie. En effet, les contrats de location dits simples, aujourd'hui soumis à la norme IAS 17, vont être comptabilisés selon IFRS 16 comme des « actifs » et des « passifs ». En conséquence, les loyers (charges opérationnelles) vont être découpés entre amortissement de l'actif et frais financiers dans le P&L. Du côté du tableau de flux, le loyer cash (flux opérationnel) va être présenté en frais financiers (en général, flux opérationnel) et remboursement de dettes (flux financiers).
La table ronde, après une présentation rapide de la norme par Jacques de Greling, analyste financier et co-président de la commission Comptabilité de la SFAF, a réuni autour du Président de la SFAF, Jean-Baptiste Bellon, des émetteurs, des analystes et des agences de notation : Air France KLM, Alten, Kepler, Lagardère, LVMH, Moody's…
Le principal objectif était de mettre en lumière les difficultés pratiques rencontrées par les émetteurs et de voir comment les utilisateurs se préparaient à ces changements dans le P&L et le Tableau de flux de trésorerie.
Si l'idée de départ peut paraître simple, la mise en application est, en effet, beaucoup plus complexe. Comme l'a dit un des membres de la table ronde, on se perd dans la traduction : « IFRS 16 c'est un mauvais remake de Lost in translation ». Si la norme affiche un principe simple – tous les contrats sont traités de la même manière –, son application est, en réalité, complexe et ouvre de nombreuses zones de jugements discrétionnaires : durée du contrat, taux de financement/actualisation, loyers variables, définition… et, enfin, des options de première application.
La norme serait assez simple pour des biens comme les avions chers à David Tweedie , mais le modèle est beaucoup plus compliqué à utiliser pour des concessions ou des corners dans des aéroports ou magasins avec des loyers qui peuvent être jusqu'à 100 % variables. Le modèle « j'achète ou je loue » n'est plus adapté au modèle économique d'aujourd'hui.
Bref, il est loin d'être certain que la comparabilité et la transparence soient finalement améliorées !
Pour les analystes financiers, la période va être également compliquée car leur travail se base souvent en multiples (par exemple d'Ebitda). Il va donc falloir recalculer les multiples avec ce nouveau thermomètre et l'information ne sera pas forcément disponible. Enfin, pour les agences de rating, apparaissent également beaucoup d'incertitudes car la dette IFRS 16 risque d'être très différente du calcul fait aujourd'hui.
Plus de 150 personnes étaient présentes dans l'amphithéâtre de Gecina pour écouter les intervenants et faire part de leurs interrogations. Des actes de ce colloque seront disponibles très prochainement.
A suivre …
L'ancien président de l'IASB qui, comme l'a rappelé Jean Baptiste Bellon, rêvait de voler sur un avion qui figurerait dans le bilan de la compagnie aérienne.