Le rôle du secteur du bâtiment (connu pour son poids dans la dépense énergétique, ses émissions de CO₂, son utilisation de matériaux à fort impact carbone) dans la transition écologique est essentiel. Répondre favorablement à ces enjeux va conduire les entreprises du bâtiment à s'adapter, investir pour se conformer aux exigences réglementaires. Sandrine Cauvin, membre de la commission Analyse extra-financière de la SFAF, a esquissé les enjeux de ce secteur, illustré par la société Imerys.
Organisé sous l'égide de la commission Analyse extra-financière de la SFAF, l'alumni sur le thème de la construction durable du 2 décembre dernier a été l'occasion d'approfondir les enjeux de la durabilité de ce secteur, avec la participation du groupe Imerys qui a présenté ses solutions.
À la fois énergivore et émetteur de gaz à effet de serre, le bâtiment est source d'impacts environnementaux majeurs. Rappelons que ce secteur représente 36 % de l'énergie consommée en Europe et est responsable de 40 % des émissions de CO₂. Cela n'est donc pas surprenant que ce soit l'un des secteurs les plus concernés par le Green Deal (plan de relance européen) et, en particulier, au niveau de la rénovation. Au total, le Green Deal prévoit de consacrer 350 Md€ à la construction afin de rénover les bâtiments sur lesquels on recherche des améliorations en termes d'isolation, de génération d'énergie, d'amélioration du bilan énergétique. Si l'on veut réduire les émissions et la consommation d'énergie des bâtiments, il est essentiel d'agir sur la rénovation car, en dépit des initiatives mises en place ces dernières années, on constate que l'efficience énergétique est insuffisante en Europe. En effet, aujourd'hui, seulement 1 % du stock de construction est rénové par an. Si toutes les mesures du Green Deal sont adoptées, il sera possible de passer à 3 %. Avec les annonces, cela pourrait représenter un surcroît de croissance de 8 à 10 % du marché de la rénovation, ce qui devrait profiter aux groupes produisant des matériaux de construction tels que Saint Gobain, Kingspan ou Imerys, mais également de la chimie (Azko Nobel) ou encore des groupes qui offrent des solutions pour les réseaux électriques, tels que Schneider Electric, ABB et Legrand. Des réglementations vont également accompagner ce mouvement d'investissements, des obligations de construire des bâtiments "bas carbone" vont émerger.
Si les enjeux environnementaux sont importants, les leviers d'amélioration sont proportionnels. Nombreuses sont les solutions permettant de faire face à la problématique : ciments composites bas carbone et éco-construction pour réduire l'empreinte environnementale de la phase amont, mais, surtout, une optimisation de la phase d'utilisation qui concentre l'essentiel des impacts (meilleure isolation thermique, contrôle et gestion des consommations d'énergie et d'eau, etc.).
Au cours de cet alumni, la société Imerys a présenté son expérience, ses solutions et son savoir-faire. Bien que la construction ne soit pas le seul marché qu'adresse Imerys, il représente 26 % du chiffre d'affaires du groupe. Imerys a ainsi présenté un panel de solutions existantes et d'innovations. En amont, en particulier avec le ciment pour réduire l'impact CO₂ des matériaux de construction dans leur fabrication mais aussi dans la phase de rénovation pour améliorer l'isolation. Dans le recyclage en réintégrant des déchets de la construction dans les produits Imerys, en particulier dans les formulations céramiques, mais pas seulement. Imerys travaille avec ses clients, les exemples présentés sont des projets développés en partenariat avec de grands clients qui sont des références dans l'industrie du bâtiment.
En conclusion, le Green Deal va venir changer la donne de manière importante en termes de demande sur le secteur du bâtiment et, pour les investisseurs, cela va créer des opportunités d'investissement, notamment sur des sociétés qui avaient été délaissées ces dernières années et dont les niveaux de valorisation ne reflètent pas les perspectives de croissance attrayantes à venir, compte tenu du fait que ce sont des maillons essentiels pour atteindre l'objectif de zéro émission à horizon 2050.