D'après le sondage lancé en décembre par le groupe de travail « Raison d'être » de la SFAF, 58 % des répondants estiment que la raison d'être est un élément de l'analyse. C'est majoritairement une boussole stratégique ou une responsabilité morale vis-à-vis des parties prenantes. Seule une petite minorité doute de la sincérité de la démarche mise en œuvre. Il revient maintenant aux entreprises de faire vivre ce processus. Analyse des résultats par Laurence Maury, responsable du groupe de travail.
La raison d'être des entreprises fait partie des sujets qui intéressent les membres de la SFAF : plus des 2/3 des répondants déclarent avoir pris connaissance de la raison d'être des sociétés de leur univers.
Moins de 2 ans après le vote de la loi PACTE, un peu plus de la moitié des sociétés du CAC40 se sont dotées d'une raison d'être. À l'inverse, plusieurs groupes (Sodexo notamment) se sont exprimés pour critiquer l'intérêt de cette disposition légale. Le principal argument est le refus de l'effet opportuniste d'un « purpose washing » mais certains invoquent la prudence, estimant que les éventuelles conséquences juridiques de l'adoption d'une raison d'être ne sont pas encore connues.
Une information largement relayée par la presse
Plus de la moitié des répondants (52,5 %) ont été informés de l'adoption d'une raison d'être par voie de presse ou internet. Ce chiffre illustre l'intérêt porté par les médias pour relayer ces sujets. Les entreprises ont donc intérêt à communiquer de manière claire et pédagogique pour que leur message soit bien transmis.
Juste en dessous de la barre des 50 % se situe le nombre de répondants qui ont eu connaissance de la raison d'être via une communication directe de l'entreprise. L'Assemblée générale est une occasion fréquemment privilégiée pour communiquer sur l'adoption d'une raison d'être. La société bénéficie de la faculté de soumettre au vote des actionnaires l'inscription de la raison d'être dans ses statuts. Seule une minorité des sociétés du CAC40 a choisi cette option.
Trois répondants ont déclaré avoir eu connaissance de la raison d'être d'un émetteur lors de réunions SFAF dédiées à l'ESG. Nous les remercions ici de leur fidélité.
Une composante de l'analyse
57.5 % des participants estiment que la raison d'être est un élément de l'analyse, marquant ainsi l'attention accordée à cette démarche relativement nouvelle de l'entreprise. Le bloc des « perplexes » atteint 24 %, dont un tiers de réfractaires et deux tiers d'indécis.
La raison d'être n'intègre pas de dimension morale ; elle doit permettre de « prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux » (article 1833 du Code Civil). Pourtant, selon les répondants, le principal message doit être la mise en avant de la contribution à la Société au sens large, soit une notion de responsabilité citoyenne et de prise en compte du bien public. En deuxième position, arrivent la stratégie et la spécificité du business model de l'entreprise. Il s'agit d'une grille d'analyse nouvelle pour comprendre en quoi le monde serait différent si telle ou telle entreprise n'existait pas. C'est un enrichissement de l'analyse financière par l'analyse extra-financière.
Avant tout une boussole pour la stratégie
Concernant l'intérêt de la raison d'être pour l'entreprise elle-même, les réponses sont moins tranchées. Les plus citées font écho à celles de la question précédente. La boussole pour la stratégie arrive en tête pour 27,5 % des répondants. La stratégie des sociétés évolue avec le temps en fonction des changements de leur écosystème. Ce lien entre stratégie et raison d'être plaide pour un caractère évolutif de la raison d'être également. La responsabilité morale vis-à-vis des parties prenantes arrive en seconde position, avec 25,6 % des réponses. Les sceptiques, qui estiment que la raison d'être n'est qu'un outil marketing, ne sont que 15,8 %.
Contact : analysefinanciere@sfaf.com
Sondage flash lancé du 7 au 11 décembre 2020 auprès des membres de la SFAF, auquel 120 personnes ont répondu.