Les investisseurs ont cherché à minimiser leurs risques par l'utilisation des ETF pendant cette année 2020. La crise a servi de juge de paix pour les professionnels. La thématique ESG a bénéficié d'un engouement des investisseurs, mais elle demande un effort pour rendre homogènes les approches ESG et améliorer la méthodologie de construction des indices. Explications d'Ahmed Khelifa, président de la commission ETF de la SFAF.
La baisse des marchés financiers liée à la crise du COVID-19 a été une occasion de plus pour les professionnels de la finance de faire le bilan de la validité des critères communément utilisés pour l'analyse et la sélection des ETF. Qu'avons-nous appris de ce crash test en conditions réelles concernant la pertinence des méthodes de sélection utilisées et quels changements a-t-il entraînés ? Plusieurs études, dont celles réalisées par TrackInsight et SPDR, ont été menées sur le sujet et nous permettent de tirer des conclusions importantes.
Pertinence des critères de sélection actuels
Il faut distinguer deux catégories d'investisseurs ou stratégies d'investissement pour lesquelles les critères de sélection ne sont pas les mêmes :
- Les investisseurs de long terme qui ont une stratégie dite « Buy and Hold »,
- Les investisseurs tactiques qui cherchent à profiter d'un mouvement bref des marchés.
Les investisseurs de long terme sont prêts à accepter une forte volatilité à un instant T et donc un écartement des ETFs par rapport à leur indice de référence pendant un bref instant (reflété généralement par la Tracking Error). Ils accordent une importance majeure à la surperformance de ces véhicules d'investissement (la Tracking Difference) sur longue période. Les investisseurs tactiques cherchent, quant à eux, à s'assurer d'avoir une liquidité immédiate à tout moment ainsi qu'une faible variation des écartements par rapport à l'indice de référence et préfèrent une faible T.E. (Tracking Error) et d'importants volumes d'échanges.
Les mouvements de marché de l'année dernière ont surtout mis à l'épreuve les mesures de dispersion des écarts par rapport aux indices de référence (Traking Error), ainsi que les mesures de la liquidité à la fois sur les marchés réglementés et sur le gré à gré. Il a été constaté que les ETFs, toutes catégories d'actifs confondues, ont apporté une liquidité supplémentaire aux investisseurs (cf. étude SPDR) et ont ainsi permis de sortir du marché avec un impact minimum sur les prix des actifs. Cela s'est à la fois traduit par des Bid-Ask spreads qui se sont le plus souvent écartés de manière moins importante que ceux des constituants de leurs indices de référence et par un faible volume de ventes nettes (exemple du marché actions américain où, lorsque par moment les ventes des ETFs représentaient jusqu'à 50 % des volumes d'échange, elles n'ont impacté les ventes nettes que de 7 %).
Nouvelles tendances
La dernière crise a montré l'engouement marquant des investisseurs, et en particulier des investisseurs institutionnels, pour les thématiques ESG. En effet, les flux vers les ETFs actions ESG sont restés positifs au plus fort de la crise. Cela a révélé la difficulté de ces investisseurs à intégrer de nouveaux critères de sélection ESG à leurs grilles d'analyse. L'enquête menée par TrackInsight met en évidence le manque d'homogénéité dans les approches ESG utilisées par les fournisseurs d'ETF ainsi que dans les méthodologies de construction des indices.
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