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30/05/2017 Les commissions

La SFAF ressert ses liens avec l’Afrique

Entre le 9 et le 11 mai 2017, Bruno Beauvois, délégué général de la SFAF, a rejoint, à Casablanca, la délégation française de la Chambre de commerce franco-marocaine. M. Cédric M'Beng , de la Banque Africaine de développement (BAD) et coordonnateur de l'Initiative des marchés africains, était présent à cette occasion.

Le continent africain dispose de réserves estimées à 600 Mds US$, une épargne essentiellement gérée hors d'Afrique. Cette épargne doit être redirigée vers les besoins de la population africaine et, en particulier, vers le financement des infrastructures africaines. Pour mémoire, 40% de la population africaine n'a pas l'eau courante, 60% n'a pas l'assainissement et 70% n'a pas l'électricité.

L'objectif de la Banque Africaine de développement (BAD) et des principaux acteurs financiers rencontrés à cette occasion est de développer les moyens financiers africains, d'autant plus que l'application des réformes internationales va conduire à une sélectivité du crédit bancaire. Si le crowdfunding est un moyen privilégié qui suscite beaucoup d'espoir, les autorités entendent s'appuyer en premier lieu sur le Private equity. Les analystes de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) estiment que cette épargne et l'investissement direct étranger sont insuffisants pour réduire la pauvreté. Il faudrait doubler le taux de croissance actuel de l'Afrique, qui bénéficie de facteurs positifs tels les cours très hauts des produits de base. Le développement du système financier est essentiel pour canaliser l'épargne domestique, mettre en place des réformes règlementaires structurantes et utiliser les moyens à disposition.

Au cours de rencontres avec les responsables de différentes institutions africaines et marocaines (BMCI AM, Deloitte, Association marocaine des métiers de la finance, Association des actuaires, BRVM, ministère des Finances, Faculté de Droit et de Sciences économiques Hassan II…), la formation a donc été le centre d'intérêt des discussions, avec trois sujets primordiaux : la certification, la gestion d'actifs et le marché de la créance. Les représentants africains attendent d'abord des formations basiques, pas trop pointues, pour approfondir et diversifier les systèmes financiers nationaux afin d'en faire un moteur du développement.

Ces rencontres s'inscrivent en continuité avec l'initiative récente de la Société française des analystes financiers (SFAF) qui a créé, en ce début d'année, une commission dédiée à l'Afrique. Sous l'impulsion d'Ibra Wane, ex-président de l'association entre 2009 et 2011, cette commission travaille dans un double objectif :

  • sensibiliser les adhérents et les partenaires de la SFAF au dynamisme des économies africaines et au potentiel de ses marchés financiers ;
  • contribuer au développement des marchés financiers locaux en apportant son savoir-faire unique en matière de formation professionnelle et de relation avec les émetteurs.

La mise en place de la commission Afrique de la SFAF inscrit sa démarche dans la lignée d'une série de rapports et d'ouvrages précurseurs parus ces dernières années pointant, au-delà des aléas conjoncturels, les facteurs structurels à l'origine du rebond de l'Afrique . Ces réflexions prospectives ont également nourri le rapport de décembre 2013 d'Hubert Védrine et de quatre autres personnalités du monde économique et du développement sur l'indispensable redynamisation des relations économiques entre l'Afrique et la France . Bien qu'entre temps, la chute des cours des matières premières ait mis un coup d'arrêt à la croissance de certains pays africains, dans son ensemble, le continent est demeuré résilient et devrait repartir de l'avant dès 2017.

La commission Afrique de la SFAF continuera à participer à différents projets – conférence, colloques, forums… – ayant trait au développement du continent, à ses modalités de financement, et plus particulièrement au rôle accru que pourraient jouer les marchés financiers dans la mobilisation de l'épargne domestique et internationale.

Dernier ouvrage paru : « Financer l'Afrique », éditions Saint-Honoré, avril 2017 ; dernier article paru dans la revue Analyse financière : « Financer l'Afrique : Eurobond ou Eurobomb ? », édition 57 d'octobre-novembre-décembre 2015 dossier « La finance en Afrique, entre complexité et opportunités ».
Parmi les précurseurs, mentionnons en particulier l'ouvrage de J.M. Severino et O. Ray, « Le temps de l'Afrique » paru en mars 2010, ou le rapport de McKinsey de juin 2010, « L'heure des lions : l'Afrique à l'aube d'une croissance pérenne ».
« Un partenariat pour l'avenir : quinze propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l'Afrique et la France » de H. Védrine, L. Zinsou, T.Thiam, J.M. Severino et H. El Karoui, rapport présenté en décembre 2013 lors du sommet des chefs d'Etat d'Afrique et de France.