Pour Philippe Sarica, multigérant qui a créé la société « La finance émotionnelle », l'affect joue un rôle capital dans la prise de décision. Humilité, modestie, recherche de réussite et droiture sont à l'honneur !
La revue Analyse financière de janvier 2017 publiera les résultats d'une de vos études concernant la corrélation entre les compétences émotionnelles des gérants et la performance ainsi que le risque attaché aux fonds. Quels en sont les principaux résultats ?
Précisons d'abord que j'avais réalisé une étude similaire dans le cadre de ma thèse soutenue en avril 2014. Les résultats obtenus à l'époque, bien que satisfaisants, présentaient plusieurs inconvénients. L'échantillon était limité ; il contenait des fonds dont l'encours était faible et qui ont disparu depuis, et l'horizon de temps était de trois ans. Dès lors, une nouvelle étude, reposant sur un échantillon mieux constitué et menée sur deux périodes de trois ans, s'imposait.
Cette recherche a permis de montrer que sur les deux périodes de trois ans considérées (période assez différente sur l'évolution des marchés), il existait des corrélations stables entre les mesures de performance et de risque, les traits et les facettes de personnalité, et les compétences émotionnelles des gérants.
Au vu de ces résultats, quel serait le profil émotionnel d'un « bon » gérant ?
L'étude montre qu'un certain nombre de facettes de la personnalité ou de compétences émotionnelles se trouvent corrélées positivement à la performance et négativement au risque. On peut donc dire que ces compétences, ou ces traits, sont ceux de gérants à la fois performants et moins risqués. Parmi elles figurent la modestie, l'humilité, la recherche de réussite, la droiture, l'ouverture aux idées nouvelles et quelques autres qui seront présentées dans l'article.
Trouvez-vous des différences majeures entre les gérants hommes et les gérants femmes ?
Le panel observé ne comportait que cinq femmes, ce qui ne permettait pas d'étudier les corrélations correspondantes. Mais on remarque toutefois que ces gérantes ont, en moyenne, des traits de personnalité dont les scores sont légèrement supérieurs à ceux des hommes. Ainsi, elles ont un score meilleur pour l'extraversion, pour l'agréabilité et nettement supérieur pour la conscience.