La SFAF était partenaire de la 9ème conférence du Cercle des analystes indépendants le mardi 23 novembre 2021 sur le thème "2022 : reprise ou recrise ?". Eric Galiègue, président du Cercle des analystes indépendants et de la commission Evaluation de la SFAF, revient sur cet événement.
Mardi 23 novembre 2021, s’est tenue, à Paris au centre de conférence Edouard 7, la 9ème conférence annuelle du Cercle des Analystes indépendants, une association qui regroupe une quinzaine de bureaux d’études financières et économiques indépendants. Cette journée, soutenue la SFAF, l’AFG, l’AF2II, le Pôle finance Innovation et Paris Europlace, était organisée autour de 3 tables rondes.
La première a traité des développements de l’analyse extra-financière et a tenté de répondre à la question :« ESG - ISR - Impact investment : Où en est-on ? ». Les investissements sélectionnés selon des critères extra-financiers ont connu une croissance spectaculaire, dans un contexte de forte collecte des actions en 2021 (260 Mds € au niveau mondial) : les fonds ISR représentent désormais 35% des encours et 55% de la collecte, qui a été multipliée par 6 depuis 2018 pour sa partie ISR, selon Jean-Francois Bay (Quantalys). Alix Faure (AFG) a indiqué que les gestionnaires membres de l’AFG gèrent 38% de leurs encours selon une approche ESG, dont 65 Mds € en « green bonds », et la moitié des sociétés de gestion appliquent une politique d’exclusion des énergies fossiles non conventionnelles. L’investissement à impact concerne 1,3% des encours.
L'analyse d'impact constitue l’évolution naturelle de l'analyse ESG traditionnelle, selon Axel Bonaldo (Impak Finance), se focalise sur les résultats (vs efforts), intègre la double matérialité et contextualise les indicateurs. Pour Martine Léonard (SFAF), la demande d’analystes extra-financiers est forte sur le marché. Même s’il existe une certaine confusion sur les différents référentiels de notation, l’information extra-financière est très riche et est en train de se construire. L’Europe défend sa « taxonomie verte » et, de manière générale, une comptabilité extra-financière qui accorde plus d’importance au social que le référentiel anglosaxon. A titre d’exemple, Daniel Tondu, fondateur de GESTION 21, une société de gestion entrepreneuriale qui focalise son action sur les critères ESG-climat, a retenu deux indicateurs clé pour les actions : la part verte du chiffre d’affaires (proche de la Taxonomie européenne) et le taux de certification environnementale des immeubles pour les sociétés immobilières.
La seconde table ronde a tenté de répondre à la question « Green deal : quel choix d’investissement ? ». Les acteurs économiques vont devoir investir 6 000 Mds $/an d’ici 2030 pour pouvoir atteindre leurs objectifs climatiques. Par exemple, Montpensier Finance a mis en place une organisation interne intégrée : l’équipe ISR fait partie de l’équipe de gestion. Cette société de gestion classifie en trois sous-ensembles les secteurs de la transition environnementale : les énergies responsables, la préservation du capital terrestre et les nouvelles mobilités. Sa préférence va à VOW, une société norvégienne spécialisée dans la revalorisation énergétique des déchets. Swiss Life Gestion Privée gère un fonds ESG et produit en interne des notes – de 1 (meilleure note) à 6 (exclusion) – qui utilisent les données de Sustainalytics. Parmi les valeurs impliquées dans la transition environnementale, il préfère Air Liquide. Ecofi Investissements a voulu séparer l’analyse financière de l’analyse extra-financière/ESG en constituant une équipe de 5 analystes dédiés à l’analyse extra-financière/ESG.
Depuis 2009, l’ensemble des fonds gérés par Ecofi sont ISR. Parmi les actions individuelles, la société préfère la Corbion, entreprise néerlandaise et leader mondial du marché de l'acide lactique et de ses dérivés. SESAMm, un fournisseur de données alternatives, a présenté le principe de l’analyse sémantique de l’activité digitale sur les media du Web. SESAMm produit des indicateurs de sentiment digital et des indicateurs E, S et G. Les secteurs les plus risqués en matière d’ESG – ceux qui subissent le plus de controverses – sont les secteurs industriels et de biens de consommation durables. Actuellement, l’énergie, de manière paradoxale, et le secteur de la santé sont les moins concernés par des controverses et bénéficient donc de bons scores digitaux ESG.
La troisième table ronde a évoqué les perspectives 2020 sous le titre « Quelle vie après le Coronavirus ? ». Pour Véronique Riche Flores (RF Research), les dispositifs publics ont sauvé les entreprises et le télétravail a allégé leurs coûts. Les profits sont, de manière globale, nettement plus élevés aujourd’hui qu’avant la crise. Ce n’est cependant pas le cas du PIB, qui reste inférieur au niveau d’avant la crise dans sa mesure par habitant. En 2022, les taux d’intérêt ne devraient pas dépasser 2% aux USA et 0,5% en France. Régis Yancovici (ET Finance) estime que l’inflation devrait sortir des radars des investisseurs à partir de la mi-2022 et la croissance ralentir vers des niveaux plus structurels. Dès lors, autour de 1.70%, les emprunts à long terme américains sont attractifs. Les investisseurs les moins actifs doivent réduire leurs positions en actions en raison de la bulle actuelle, alors que les autres peuvent rester investis, mais en augmentant la diversification entre thèmes.
Jean-Luc Buchalet (Pythagore Consult) rappelle que l’immobilier représente 30% du PIB chinois, directement ou indirectement, et qu’il est considérablement surévalué. L’écart de salaire entre les 20% les plus pauvres et les 10% les plus riches est de 1 à 60 et le taux de fécondité est tombé à 1,05… Il considère que la Chine se dirige vers une crise larvée et non pas un choc à la Lehmann Brother. Pour Eric Galiègue (Valquant Expertyse), les taux d’intérêt ne peuvent pas monter sans causer une crise financière majeure. Il considère que l’année 2022 devrait être marquée par des phases baissières, mais qui ne remettront pas en cause la tendance de fond qui demeurera haussière. Il faudra donc acheter les creux.
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