ARNAUD POISSONNIER ET BERYL BÈS - EYROLLES, JANVIER 2016, 176 PAGES - 22 €
Bien que ses prémices se situent au XVIIIe siècle avec, par exemple, le financement du projet de construction et de transport de la Statue de la Liberté, le financement participatif connaît actuellement une fulgurante ascension. Celle-ci est rendue possible grâce à l'avènement et la démocratisation d'internet puis des réseaux sociaux à partir des années quatre-vingt-dix et prend d'abord pied outre-Atlantique, puis outre-Manche. Ce type de financement, illustration du processus de désintermédiation en soutenant des projets sans faire appel aux outils de la finance traditionnelle, s'est répandu comme une traînée de poudre chez nos voisins anglo-saxons, qui présentent en 2014 et 2015 des résultats impressionnants : 9,46 milliards de dollars collectés en 2014 aux États-Unis et près de 3 milliards d'euros au Royaume-Uni – environ 80 % de la collecte en Europe, et dont plus de 50 % sont dédiés au financement d'entreprise. Le cumul de collecte mondial passe de 16 milliards de dollars fin 2014 à plus de 35 milliards fin 2015. Il atteindrait 1 000 milliards de dollars à l'horizon 2022 selon certains analystes. Les plates-formes françaises (quelque 140 fin 2014) présentent elles aussi une croissance toujours plus importante : la collecte a doublé en six mois avec 152 millions d'euros levés en 2014, la France est le 3e pays contributeur derrière les États-Unis et le Royaume-Uni. 2016 semble s'annoncer encore plus généreuse avec de belles perspectives pour ceux tentés par le crowdfunding, présent dans de nombreux secteurs et domaines (start-up, culture, gastronomie, high-tech, environnement…). Mais qu'entend-on par financement participatif ? Quelles sont les spécificités françaises ? Qui est concerné, et comment ?
L'ouvrage Le financement participatif , d'Arnaud Poissonnier et Beryl Bès, tous deux fondateurs d'une plate-forme de financement participatif (Babyloan pour A. Poissonnier, leader européen du crowdfunding de microcrédit, et MyAnnona pour Beryl Bès, spécialisée dans le soutien au développement de l'entrepreneuriat féminin) est écrit comme un guide pratique, technique et pédagogique, en particulier à destination des entrepreneurs, il dresse un état des lieux assez complet de l'actualité du financement participatif en France. Il présente en détail les différents types de financement actuellement disponibles (don, prêt et investissement en capital), leurs intérêts et inconvénients, sans oublier les difficultés qui peuvent être rencontrées avant, pendant et après le projet de financement. Perçu de prime abord comme un adversaire du système bancaire et des business angels – car en voie d'« ubériser » le monde complexe du financement d'entreprise –, le crowdfunding, et l'investissement en capital / crowd-equity en particulier, est analysé pour permettre à tout un chacun d'envisager le financement de son projet en relative sécurité, de choisir le type de financement lui correspondant le mieux et d'aborder le plus sereinement possible, mais surtout d'envisager les difficultés et obstacles qui peuvent être rencontrés ainsi que les risques, dont le principal est l'échec. Toute levée de fonds ne se termine pas par un financement complet et réussi, tout dossier n'est pas forcément accepté par les plates-formes de financement, tout projet ne rencontre pas son public. Les témoignages de gérants de plates-formes (Nicolas Lesur, fondateur et directeur général d'Unilend ou Arnaud Burgot, directeur général d'Ulule) ou d'entrepreneurs ayant eu recours au financement participatif en France rendent compte de manière pragmatique des approches et expériences de chacun.
MARINE FRÉROT
ASSISTANTE AU POLE REVUE, ANALYSE FINANCIÈRE
Article initialement publié dans l'édition 60 de la revue Analyse financière (juillet-août-septembre 2016)