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26/04/2017 Point de vue

Gestion du risque et théorie des contrats, la recherche avance

Dylan Possamaï, 31 ans, maître de conférences habilité à diriger des recherches et membre du Ceremade, a reçu, fin mars, le prix de la fondation Scor du Meilleur jeune chercheur en finance et assurance lors du 10e Forum sur les risques financiers organisé par l'Institut Europlace de Finance. Soulignant l'importance de poursuivre la recherche sur la gestion du risque, il montre la nécessité de modéliser les relations contractuelles entre agents économiques.

Fin mars dernier, vous avez reçu le « Prix du Meilleur jeune chercheur en finance et assurance » décerné par la Fondation Scor. Pourquoi avoir retenu le sujet de la gestion des risques et la théorie des contrats ?

Il s'agit d'un domaine de recherche que j'avais commencé à explorer lors de ma thèse, en 2011. Il s'agit de faire rentrer dans un cadre mathématique rigoureux les relations contractuelles entre des agents économiques aux motivations et aux sources d'information très diverses, et ce afin d'optimiser la conception des contrats afférents. Dans le contexte post-crise actuel, où la compréhension, la gestion et surtout la régulation des risques sont amenées à prendre une place prépondérante, il s'agissait pour moi d'une thématique particulièrement riche et passionnante. Le fait que le contenu mathématique lui-même soit également de haut vol n'a pu que me renforcer dans mon choix.

Par ailleurs, la cadre des applications potentielles dépasse très largement le secteur financier et s'étend à des problématiques de transition énergétique ou gestion de parcs électriques à l'assurance, en passant par la régulation ou l'optimisation de pyramides salariales au sein d'une entreprise, c'est donc d'une richesse assez extraordinaire. Tout ceci n'est évidemment pas étranger au fait que le dernier prix Nobel d'économie ait été attribué à Bengt Holmström et Oliver Hart pour les contributions majeures à cette théorie.

Selon vous, quels sont les (autres) sujets de recherche actuellement prioritaires pour l'univers financier ?

Que ce soit du point de vue des praticiens ou du milieu académique, il semble assez clair aujourd'hui, que la compréhension fine des risques et des mécanismes de marché doit faire partie des axes prioritaires de recherche. L'aspect contractuel et l'optimisation des processus d'implémentation de politiques incitatives, au niveau de l'entreprise ou de l'État, qui sont au cœur de mes travaux, ne sont bien sûr qu'une des incarnations de la pléthore de sujets rattachés à ces aspects. Je pense notamment au développement du trading haute fréquence, aux nouveaux risques émergents (terrorisme, attaques informatiques, catastrophes naturelles…) et, surtout, à l'avènement du Big Data, qui sont autant de révolutions du paysage qu'il va falloir comprendre et apprivoiser. Dans un tel cadre, la coopération entre tous les acteurs du secteur sera à mon sens primordiale.

En quoi la situation de taux négatifs remet-elle en question le fonctionnement des marchés financiers et les modèles d'évaluation des actifs ?

Le contexte de taux impacte les banques commerciales dans leur activité principale, en l'occurrence le crédit. L'aplatissement des courbes et le resserrement des spreads n'ont de cesse de grignoter les marges des banques, dans un contexte d'aubaine pour les emprunteurs dont les demandes de renégociation de leurs conditions d'emprunt ont explosé ces derniers mois. Une des conséquences immédiates est que la recherche de rendements passe désormais souvent par des investissements de long terme, au profil risqué. Cela ne devrait avoir qu'un impact limité pour les grandes banques d'investissement aux activités diversifiées, mais pourrait s'avérer beaucoup plus problématique pour les plus petites structures ne vivant que de l'activité de dépôt. Ces aspects peuvent néanmoins être relativisés, plusieurs analyses ayant abouti à la conclusion que le coût des taux négatifs peut être compensé par l'amélioration de la solvabilité des emprunteurs et la valeur accrue de leurs actifs. De ce fait, de mon point de vue, l'impact sera plutôt sur le modèle commercial des banques (les changements récents de grilles tarifaires chez beaucoup d'acteurs du secteur en sont une illustration), plutôt que sur des modèles d'évaluation d'actifs en eux-mêmes, voir sur le fonctionnement du marché.