Après l'obtention de sa licence bancaire délivrée par la Banque centrale européenne, RiverBank a lancé son activité officielle en avril 2017. Cette nouvelle banque de financement, inspirée des plates-formes de crowdfunding, veut se démarquer des autres, à la fois par son offre de crédit et par son approche marketing. Entretien avec Jean-Laurent Girard, son directeur général.
Riverbank se présente comme une « banque-fintech ». En quoi vous différenciez-vous des autres plates-formes de prêts aux entreprises ? Quelles sont les spécificités de votre offre vous distinguant d'une banque « classique » ?
Le modèle principal des plateformes de crowdfunding est de prendre une commission sur l'origination des prêts. Ces plates-formes incitent les particuliers à prêter sans investir elles-mêmes dans les projets. Et pour celles qui disposent de fonds de co-investissement, l'étude de leur compte d'exploitation montre que leurs revenus dépendent du volume des prêts : plus elles ont de prêts, plus elles touchent de commissions.
Notre approche est très différenciante. Nous sommes une banque : notre propre bilan est en jeu ! Plutôt que le volume d'affaires, nous privilégions la qualité des projets car nous gardons tout le risque dans nos livres. Nous sommes aidés dans leur sélection par une équipe de quatre analystes crédit.
Contrairement à une banque classique, nous n‘avons pas de branche physique ; nous nous sommes inspirés des plates-formes de prêt dans leur méthode de sourcing des dossiers de crédit à financer.
Comment comptez-vous approcher et trouver les PME emprunteuses ?
Nous accédons aux PME emprunteuses grâce à un réseau de personnes avec lesquelles ces entreprises ont tissé une relation historique traditionnelle. Celles-ci – comptables, conseils financiers, fiscalistes, conseils en fusions-acquisitions indépendants et autres banques –, nous transmettent les dossiers de demande de crédit via une plate-forme online. Cette standardisation des processus permet de répondre en 4 à 6 semaines, alors qu'un simple enregistrement de la demande de financement peut prendre entre 6 semaines et 3 mois en Allemagne, par exemple.
L'animation de ce réseau est confiée à une équipe de vente de quatre personnes parcourant le Benelux et l'Allemagne et l'effectif est appelé à doubler d'ici 9 à 10 mois.
Les autres banques ne nous considèrent pas comme des compétiteurs car nous nous concentrons sur une frange de crédit intermédiaire - de 750 000 à 3 millions d'euros - dans des domaines qu'elles couvrent peu : financements transfrontaliers, successions, rachat de concurrent, refinancements pour les entreprises en forte croissance…
Vous intervenez au Benelux et en Allemagne. Pourquoi pas en France ?
La France est un marché plutôt bien couvert pour ce type de prêt. A moyen terme, nous envisageons toutefois d'attaquer le marché français, mais pas exactement sur ce type de produit.
Vous étiez auparavant directeur général chez Morgan Stanley. Quels sont vos motivations et vos objectifs en tant que cofondateur de RiverBank ?
C'est tout d'abord une aventure humaine exaltante menée avec mes partenaires et cofondateurs, Roland Berger, Michel Péretié et Naguib Sawiris (actionnaire majoritaire).
Nous estimons être la 4e banque à avoir obtenu une licence de la Banque centrale européenne depuis la création du nouveau Système monétaire européen (SME) en novembre 2014 : c'est déjà une belle réalisation !
Nous participons au financement de l'économie réelle avec un véhicule bancaire qui nous paraît parfaitement adapté, chose que nous n'aurions pas pu faire avant la crise lorsque toutes les demandes de crédit étaient couvertes par des banques traditionnelles. Notre objectif à 4-5 ans est d'avoir un bilan entre 500 millions et 1 milliard d'euros.
Nous disposons aujourd'hui d'un capital de 50 millions d'euros, avec un engagement pour 20 millions de fonds propres supplémentaire dans deux ans. Nous allons finaliser avec un peu de financement senior avant de faire appel aux déposants à l'aide d'une offre de produits d'épargne en ligne dans le courant de l'année 2018.
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