En 2021, l’EFFAS, l’association européenne des marchés financiers décide de relancer la commission dédiée aux marchés de capitaux, la « Capital Markets Commission » (CMC). Destinée à promouvoir le rôle et la visibilité de l’EFFAS aux niveaux européen et international sur les sujets des marchés de capitaux, elle est actuellement co-présidée par Barbara Cohen, membre de la SFAF, et Thorsten Müller, membre de la DVFA (Allemagne). Séverine Piot-Deval, membre de la commission et administratrice de la SFAF, présente cette commission et son rôle.
L’EFFAS (European Federation of Financial Analyst Societies) est un think-tank regroupant les associations européennes d’analyse financière et représentant au total dix-huit mille professionnels. Elle a pour objectifs le partage d’opinions d’experts, le dialogue avec les institutions financières, l’intégration d’indicateurs non-financiers dans les décisions d’investissement, et la formation continue. La collaboration, le partage de connaissances et le leadership intellectuel sont promus par ses quatre commissions (ESG, reporting financier, formation & qualification et marchés de capitaux).
La Commission des marchés de Capitaux a plusieurs missions :
- promouvoir le rôle et la visibilité de l’EFFAS aux niveaux européen et international sur les sujets des marchés de capitaux (dette et fonds propres),
- suivre l’évolution des marchés en Europe, en particulier les avancées vers une union des marchés de capitaux (CMU),
- conseiller l’EFFAS lors des consultations des instances européennes,
- promouvoir les échanges d’idées entre sociétés membres et professionnels de l’industrie sur les priorités dans le développement d’une CMU et des marchés de capitaux en général.
Une fois par an, la Summer school de l’EFFAS est l’occasion pour les professionnels de la finance en Europe de se rencontrer et d’échanger sur les évolutions des marchés de capitaux en Europe. Le thème de la dernière édition, qui a eu lieu les 6 et 7 juillet derniers à Lisbonne, était « Europe - repousser les limites des marchés de capitaux pour croître ». De ces deux jours de présentations par des intervenants de l’industrie et de ses organismes de supervision, il ressort que, pour faire face aux défis présents et à venir (faible croissance, population vieillissante, changement climatique, besoins en numérique et endettement public), l’Europe a besoin de marchés de capitaux solides.
Or, la zone euro représente 10% de la capitalisation boursière mondiale, contre 18% il y a quelques années. Le nombre d’introductions en bourse est en déclin et le ratio capitalisation boursière sur PIB est de 0,5, contre 1,5 aux Etats-Unis. Plusieurs éléments sont en cause : manque d’incitations fiscales pour l’investissement coté, faible nombre de fonds de pension, recul de l’investissement dans des entreprises cotées par les assureurs-vie au profit du non coté (5% des actifs en Allemagne contre 20% auparavant) et culture financière insuffisante des investisseurs particuliers.
Parmi les solutions évoquées, figure une réglementation moins onéreuse, notamment pour les PME. Ces dernières représentent l’écrasante majorité de la cote européenne (74% des sociétés cotées ont une capitalisation boursière inférieure à 200M€) mais ne disposent pas des ressources pour répondre à l’inflation réglementaire. Parallèlement, elles souffrent de la réduction drastique de la couverture par les analystes due à la mise en place de MIFID2 et de "l’unbundling". Parmi les autres pistes évoquées : une fiscalité plus incitative et une remise à plat des exigences de capitaux des assureurs, qui favorisent l’absence de volatilité, donc le non coté, aux dépens de la transparence du coté. Enfin, le financement des PME par la dette a également fait ressortir les limites existantes des marchés obligataires.
Au cours de ces deux journées, ont également été présentées des initiatives à succès telles que les mini-bonds et le programme PIR en Italie, pays devenu le premier financeur des PME en Europe, le financement de la recherche sell side par le régulateur espagnol, ou encore le marché des « nanocaps » en Suède. Ces initiatives pourraient être source d’inspiration et répliquées dans d’autres pays européens.