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25/10/2017 Point de vue

Le financement de l’Insurtech

Jacques Cornic, associé de KPMG, responsable du secteur de l'assurance, dresse un bilan du financement dans le domaine de l'Insurtech. Les sociétés de Venture Capital ont réalisé pas moins de 60 transactions sur le seul deuxième trimestre 2017. Un des défis auxquels est actuellement confronté le monde de l'assurance.

L'étude publiée par KPMG fin 2016 faisait état d'un doublement du financement de l'Insurtech mais un ralentissement aurait été ressenti au premier trimestre 2017. Quelle est la tendance en octobre 2017 ?
Après deux trimestres de ralentissement (Q4 2016 et Q1 2017), la dynamique d'investissement s'est relancée en Q2 2017, notamment de la part des Venture Capital qui ont réalisé 60 transactions sur ce seul trimestre pour $745 millions.La valeur moyenne de ces transactions demeure modeste mais devrait s'accroître au fil du temps et du gain en maturité des Insurtechs.

Plus de la moitié des assureurs mondiaux estimeraient que les Insurtech menacent leur chiffre d'affaires. Qu'en pensez-vous ?
La réalité est probablement un peu différente. Si l'on ne peut pas nier que certains acteurs de l'Insurtech cherchent à concurrencer directement les assureurs traditionnels, il faut aussi reconnaître que la plus grande partie de ces nouveaux acteurs se positionne plutôt dans des logiques de partenariat pour aider les assureurs à se transformer. Les besoins en fonds propres et les contraintes réglementaires constituent également des barrières à l'entrée très importantes.

Le règlement général européen sur la protection des données personnelles (GDPR) entrera en vigueur le 24 mai 2018. Quels seront les principaux impacts pour le secteur de l'assurance ? Les Insurtech seront-elles prêtes ?
Sous peine de sanctions très sévères, la réglementation crée les nouvelles obligations suivantes : désignation d'un délégué à la protection des données, tenue d'un registre des opérations de traitement, notification des violations, exigences de surveillance, de protection des données personnelles. Par ailleurs, certains droits sont étendus (portabilité, droit à l'oubli). Pour les assureurs traditionnels, un socle minimal de conformité doit être visé en 2018. Au-delà, la mise en conformité GDPR complète prendra plusieurs années, avec une adhérence forte sur l'expérience offerte aux prospects et clients ainsi que la stratégie des assureurs vis-à-vis de la gestion des données. Les Insurtechs se doivent également de traiter et d'anticiper ces obligations, notamment pour être des partenaires acceptables des assureurs.

Comme pour le secteur financier, la technologie Blockchain représente un véritable enjeu pour le secteur de l'assurance. Selon vous, quelles en seront les premières applications ?
Les premières applications que l'on entrevoit dans l'assurance concernent les  Smarts Contracts, avec l'exemple du contrat Fizzy récemment lancé par AXA. Nous sommes convaincus chez KPMG que les changements les plus profonds viendront d'une combinaison entre la Blockchain et l'environnement des objets connectés. La Blockchain est également un moyen pour désintermédier et/ou faciliter les relations entre des assureurs directs et les réassureurs. On peut imaginer que cette technique puisse être déployée pour faciliter la relation des assureurs avec d'autres tiers.

Propos recueillis par Michèle Hénaff

Etude KPMG sur le financement des Fintech et l'actualisation « The Pulse of Fintech Q2 2017 » (Août 2017) - Partie sur le financement de l'Insurtech « Growing insurtech sector tackles industry ripe for change ».