La cession-transmission d'entreprise est devenue un sujet récurrent depuis quelques années, sur lequel de l'association des Analystes et Conseillers en Investissements Finance et Transmission d'Entreprise (ACIFTE) est mobilisée afin d'en faciliter le processus.
Aude Latouche, administratrice et vice-présidente de l'association, répond à trois questions sur ce thème au cœur de l'actualité.
L'association des Analystes et Conseillers en Investissements Finance et Transmission d'Entreprise, qui se mobilise depuis plusieurs mois afin de faciliter la transmission d'entreprise en France, est officiellement associée à la campagne nationale initiée le 5 octobre dernier par la ministre Martine Pinville dans le cadre du Salon SME. Quelles actions concrètes envisagez-vous maintenant au niveau de l'ACIFTE ?
Œuvrer pour faciliter la transmission d'entreprise fait partie de notre quotidien. Nous regroupons plus de 400 membres qui accompagnent chaque jour les dirigeants dans leurs opérations de cession/acquisition, transmission/reprise et autres évolutions capitalistiques. Notre mobilisation existe et va donc au-delà de ces quelques mois. Nous nous sommes en effet fortement investis à l'initiative gouvernementale de mobilisation autour des enjeux de la transmission. Nous sommes aussi force de propositions sur les aspects techniques permettant de faciliter la transmission-reprise.
Au-delà de la campagne nationale de communication lancée début octobre dont l'ACIFTE est partenaire, nous allons, au cours des prochains mois, continuer à œuvrer pour des mesures techniques facilitant la transmission-reprise. Je pense, par exemple, à des sujets comme le crédit-vendeur, la fiscalité de la transmission ou le financement de la reprise. Et surtout, nous allons, en tant que professionnels dédiés aux cessions-acquisitions, continuer à œuvrer auprès des dirigeants sur le terrain.
Dans un article publié en octobre dans la Revue Analyse financière, vous parlez des 5 mythes de la cession transmission et soulignez le fait que la question de la transmission est souvent insuffisamment préparée par le chef d'entreprise. Comment, dans le cadre de leur métier, les membres de l'ACIFTE interviennent-ils sur ces questions ?
Les professionnels M&A membres de l'ACIFTE ont, bien sûr, chacun leur propre façon d'exercer leur métier au-delà des « best practices » techniques. Cela fait d'ailleurs la richesse de la profession et la spécificité de chacun. Il se dégage cependant une ligne directrice en faveur de la sensibilisation en amont. Un exercice de diagnostic est un bon préambule de ce point de vue car il permet de mettre en lumière les atouts de l'entreprise et les spécificités de sa situation pouvant rendre difficile la transmission : importance de l'intuitu personae, « faiblesses » business, structuration organisationnelle, etc.
La force des conseils en transmission-reprise de l'ACIFTE est d'avoir une vision globale du processus de transmission et surtout, une forte capacité à aller chercher les contreparties les plus à même d'assurer la pérennité de l'entreprise. C'est cette « orchestration » des enjeux stratégiques, financiers, juridiques et structurels qui permet de préparer et mettre en œuvre efficacement une transmission.
Le rapport Dombre-Coste mentionne le chiffre de 60 000 transmissions chaque année. Or, une étude récente de l'Institut des Métiers (ISM) véhicule l'idée selon laquelle le marché de la reprise d'entreprise serait « surestimé ». Qu'en pensez-vous ?
Le marché de la transmission-reprise a une certaine culture du « secret ». En termes de statistiques, les critères ne sont pas toujours les mêmes : parfois les chiffres se réfèrent aux entreprises de plus de 10 salariés ; parfois, les transmissions intrafamiliales sont incluses, parfois exclues ; quid des termes ? Une transmission peut se traduire par une acquisition par un autre groupe tout autant que par la reprise par une personne physique. Prend-on uniquement en compte les entreprises qui sont en « état » d'être reprises ? ; etc. Une partie des travaux menés actuellement consiste aussi à clarifier et fiabiliser le panorama.
Ce qui est certain, c'est que nous avons en France un fort tissu économique de TPEs et de PMEs qu'il s'agit de soutenir. Nous pouvons en faciliter le développement ; nous pouvons éviter qu'elles disparaissent faute de repreneurs personnes physiques ou d'acquéreurs et ce, grâce à l'anticipation et à la préparation.
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