Olivier Millet, Président de France Invest, explique les raisons qui ont motivé le changement d'identité de l'association française des investisseurs pour la croissance créée en 1984. Internationalisation et dynamisme sont à l'ordre du jour pour accompagner les entreprises, avec un objectif de 20 milliards d'euros levés par an d'ici 2020.
En janvier dernier, lors de l'annonce du changement d'identité de l'AFIC en France Invest, vous avez précisé votre objectif : « accélérer la croissance et la transformation des entreprises et inscrire la France comme référent du capital investissement en Europe ». Existe-t-il des liens entre votre action et la volonté gouvernementale exprimée à travers le PACTE ?
Les investisseurs en capital et en dette privés regroupés au sein de France Invest sont des acteurs de terrain, en prise directe avec la réalité du développement des start-up, des PME et des ETI. Le plan d'action porté par le Gouvernement de croissance et de transformation des entreprises (PACTE) est parfaitement en phase avec le métier du capital-investissement. Traiter de la création d'entreprise, du financement, de la croissance, de l'innovation, du partage de la valeur, de l'export et de la transmission - les thèmes de PACTE -, ce sont aussi nos sujets au quotidien. Nous sommes convaincus que les entreprises françaises disposent d'un véritable potentiel de croissance inexploité. Là où nous avons la possibilité d'intervenir, nous sommes un puissant levier pour accompagner et accélérer la mutation des entreprises face à une concurrence désormais mondiale et pour dynamiser l'économie française.
L'étude de novembre 2017 sur la création de valeur dans les entreprises accompagnées par les fonds de capital-investissement fait état de l'effet résultat et d'une croissance généralisée des emplois. Le capital investissement est-il une solution pour la reprise de l'emploi en France ? Et que peut-on dire de l'effet multiple ?
Nos membres, sociétés de capital-investissement, accompagnent 7 200 entreprises, à 90% françaises, qui totalisent 8% de l'emploi privé en France et qui croissent 3 fois plus vite que l'économie. Au cours des 7 dernières années, ces entreprises ont créé plus de 300 000 nouveaux emplois en net. Ce n'est pas rien ! L'emploi est au rendez-vous quand il y a de la croissance, la croissance est présente quand il y a eu la possibilité d'investir dans des projets d'avenir qui sont toujours synonymes d'une part de risque que le capital-investissement accompagne. Nous représentons un capitalisme moderne, engagé, de long-terme et collectif, qui non seulement finance les projets de managers talentueux mais qui rémunère aussi à hauteur de 10% net par an en moyenne sur 10 ans l'épargne qui nous est confiée. Nous sommes de tiers de confiance entre l'épargne et les entreprises.
L'ESG s'inscrit désormais comme un vrai sujet pour toute entreprise. En ce qui concerne la gouvernance, quelles sont les recommandations faites aux entreprises accompagnées par le capital-investissement ? Constatez-vous une évolution dans ce domaine ?
France Invest est impliquée de longue date sur les sujets ESG. Nous avons une commission très active sur ces sujets qui anime les réflexions, fixe les bonnes pratiques et les diffuse au sein de la profession. Nous sommes promoteurs d'une gouvernance renouvelée dans les entreprises non cotées accompagnées par nos membres, une gouvernance qui s'appuie sur une séparation des fonctions d'exécution et de décision, la mixité des Boards et des comités de direction, l'indépendance des membres du Board et une démarche achat formalisée adaptée aux risques ESG identifiés dans la chaîne de valeur. C'est un travail de long terme sur lequel nous gagnons du terrain.
Propos recueillis par Michèle Hénaff, rédactrice en chef de la revue Analyse financière
Contact : revue@sfaf.com