Les informations extra-financières sont de plus en plus fournies du fait d'une réglementation qui astreint les émetteurs à une plus grande transparence. La Société française des analystes financiers (SFAF) lance un baromètre afin de cerner comment ces données sont intégrées dans l'analyse financière. Explications de Corinne Baudoin, co-responsable de la commission Analyse extra-financière de la SFAF, et de Fabienne Brilland, membre de la commission.
La commission Analyse extra-financière de la SFAF lance une enquête auprès des 800 analystes et gérants membres de l'association. Ils sont interrogés sur l'intégration de l'information extra-financière (ESG , immatériel…) dans leurs pratiques professionnelles. Cette consultation, qui a vocation à devenir un baromètre annuel, vise à comprendre dans quelle mesure le monde de la finance de la Place de Paris analyse ces éléments et à identifier ses besoins.
Les informations extra-financières sont de plus en plus fournies, car la réglementation astreint les émetteurs à une plus grande transparence. Ils sont soumis en Europe à la Directive 2014/95/UE concernant la publication d'informations non financières et d'informations relatives à la diversité. Cependant, les challenges environnementaux et sociétaux relèvent de plus en plus des objectifs de l'entreprise en tant qu'éléments à part entière de l'environnement socio-économique dans le cadre d'une stratégie intégrée. L'ONU établit une liste élargie et communément admise de ces challenges sous la forme de 17 ODD (Objectifs de Développement Durable ) à atteindre à l'horizon 2030, qui constituent autant de défis et d'opportunités adressés aux entreprises. À titre d'illustrations, l'évolution du rapport au travail bouleverse les habitudes de recrutement, le désintérêt croissant pour la propriété remet en question la chaîne de valeur de nombreuses industries, la limitation de ressources telles que l'eau interroge l'extension d'activités économiques dans des zones sensibles, le dérèglement climatique induit des besoins en mobilité décarbonée…
Toutes ces ruptures sociétales, environnementales et technologiques ont un impact direct sur les modèles d'affaires des entreprises et, en conséquence, sur leur valorisation.
Mais les informations publiées par les émetteurs sur ces enjeux sont-elles adaptées à l'analyse financière ? Le rapport intégré, qui vise à présenter le modèle d'affaires en y associant les informations extra-financières pertinentes, atteint-il ses objectifs ?
L'enquête a vocation à apporter un éclairage à ces questions. Pour ce faire, elle interroge gérants et analystes sur quatre volets :
- les motivations, les freins et les leviers à l'intégration des informations ESG dans l'analyse financière ;
- les sources et la nature des informations extra-financières utilisées ;
- les usages du rapport intégré et les attentes prioritaires de la communauté financière à son sujet ;
- enfin, les stratégies des sociétés de gestion en matière d'intégration ESG.
Les résultats de ce Baromètre feront l'objet d'une communication publique lors de la Semaine de la Finance Responsable. Ils alimenteront également les travaux de la SFAF visant à faciliter la transition vers une analyse financière intégrée, socle d'une finance durable.
Environnement, Social et Gouvernance.
Ce sujet a été développé dans la revue Analyse financière éditée par la SFAF (édition n° 65 octobre-décembre 2017), dans l'article « Les Objectifs de développement durable, l'essence même de la RSE » de Hélène Valade, directrice du développement durable de Suez et présidente de l'ORSE, et Jérôme Courcier, responsable RSE à la Direction du développement durable de Crédit Agricole SA), et dans l'édition d'octobre 2017 de la lettre électronique de la SFAF.