Pour le crowdfunding, l'année 2018 avait été marquée par un ralentissement de la croissance et le début d'une structuration du secteur décrits dans la revue Analyse financière. En février 2020, l'association professionnelle Financement Participatif France et Mazars, désormais associés, ont présenté le « Baromètre annuel du crowdfunding en France pour 2019 ». Mieux orienté, ce secteur pourrait-il offrir de nouvelles opportunités pour les professionnels de l'analyse financière ? Explications de Jean-Yves Léger, membre SFAF et consultant en communication.
La structuration du secteur trouve une première illustration par le nombre de plateformes recensées par le baromètre : 58 plateformes en 2019 avec 98 réponses (certaines plateformes présentent plusieurs modèles transactionnels) ; en 2018, 77 plateformes avaient fourni 116 réponses. Dans le même temps, le nombre de plateformes immatriculées à l'ORIAS (Registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance) a reculé : 194 en 2018 contre 133 courant 2019.
En 2019, la finance alternative a représenté 1 406,1 millions d'euros (M€), en hausse de 33,3 % par rapport à 2018 (1 054,7 M€). Les données publiées concernent l'ensemble des activités liées à la finance alternative : financement participatif ou crowdfunding, fonds de prêt aux entreprises en ligne et affacturage, solidarité embarquée et cagnotte en ligne. La finance alternative pour les entreprises TPE/PME/ETI/start-up a représenté 901 M€ (près des deux-tiers de l'ensemble) contre 725 M€ en 2018.
Le crowdfunding (dons, prêts/obligations, investissements) enregistre un retour à une croissance forte. Cette activité, la plus médiatisée de la finance alternative, semblait avoir atteint une certaine maturité que traduisait le ralentissement de son taux de croissance : +19,4 % en 2018 contre +44 % en 2017 vs 2016. La croissance de 56,6 % enregistrée en 2019 montre un fort renouveau du secteur avec un niveau de collecte de 629,1 M€ (45 % du total de la finance alternative) avec 19 954 projets pour 1 268 353 financeurs et 1 836 082 souscriptions, car un financeur peut soutenir plusieurs projets et réaliser plusieurs souscriptions.
Des évolutions contrastées selon les segments
Le secteur économique (576 M€) représente 92 % du crowdfunding, le secteur culturel 5 % et le secteur social 3 %. Au sein du secteur économique, l'immobilier (57 % du total) a enregistré un doublement de la collecte à 328 M€ et environnement et énergie renouvelable (16 % de la collecte) ont attiré 92 M€, en hausse de 75 %.
Au sein du crowdfunding, la plus forte croissance revient aux prêts/obligations avec 508 M€ (+ 81,7%), dont 453,1 M€ pour les obligations (+116 %). Les prêts, rémunérés ou non, ont représenté 34,8 M€, en retrait sur 2018. Le montant moyen de la collecte par projet a fortement augmenté pour les obligations (721 852 € ; +20 %) et pour les prêts rémunérés (403 763 € ; +15 %).
Le secteur des dons s'est inscrit en léger retrait (-2,5 % à 79,6 M€), malgré la progression des dons sans récompense.
Après un fort recul en 2018 (-30 % vs 2017), le crowdequity (investissement en capital ou en royalties) s'est établi en léger progrès à 47 M€ (+2,2 %). Mais au sein de l'investissement en capital, le montant moyen de la collecte par projet a fortement progressé : 620 481 € contre 417 780 €.
Les moyens procurés par la finance alternative, en particulier le financement participatif, demeurent marginaux au regard des besoins de financement de l'économie. La stagnation des activités dons et investissements est largement compensée par la forte hausse de l'activité prêts/obligations, laquelle permet notamment aux professionnels de l'immobilier de trouver des solutions de financement de leur activité en matière de fonds propres et aux financeurs d'obtenir des rendements significatifs en période de taux bas. L'absence de sortie organisée pour les investisseurs en capital reste toutefois une faiblesse pour le secteur.
Solidarité embarquée : micro-don (arrondi solidaire à la caisse des magasins, arrondi sur salaire ou sur achat en ligne…).