La crise de 1929 est à l'origine de la première initiative pour créer aux États-Unis d'Amérique un système de normes comptables applicables aux sociétés cotées. La crise actuelle permettra-t-elle de répondre de façon définitive à la question qui revient régulièrement sur la table des normalisateurs comptables : faut-il ou non amortir le goodwill ?
En effet la norme IFRS 3, publiée en 2004 (copié-collé de la norme américaine FAS 141, adoptée sous pression au moment de la bulle Internet) et qui abandonne l'amortissement du goodwill requis par l'ancienne norme IAS 22, a fait l'objet d'un travail de revue (PIR ou Post Implementation Review) par l'IASB, sans grand résultat. À l'exception, toutefois, d'un consensus général sur le fait que le mécanisme de test de valeur systématique avec une éventuelle dépréciation (« impairment ») ne fonctionne pas ! En effet, les dépréciations sont constatées souvent de manière trop limitée et trop tard (« Too little, too late »). L'IASB a donc publié en mars 2020 un Discussion Paper avec des propositions d'amélioration sur les informations à fournir relatives aux acquisitions ("Business Combination") et donc sur le goodwill et sur les tests d'impairment.
En d'autres mots, l'IASB essaye de résoudre la quadrature du cercle, c'est-à-dire simplifier et améliorer les tests d'impairment mais sans proposer de revenir à l'amortissement du goodwill ! Cela ressemble fort à un cautère sur une jambe de bois…
La commission Comptabilité de la SFAF va répondre au Discussion Paper d'ici la fin de la consultation au 31 décembre 2020. On peut d'ores et déjà s'attendre à ce que la SFAF propose une nouvelle fois de rétablir l'amortissement systématique du goodwill.
En effet, la SFAF a déjà répondu récemment en ce sens à une consultation publique du FASB (cf. notre article "Goodwill, la French Connection” du 1er décembre 2019), sur la base des positions qu'elle a prises régulièrement depuis presque vingt ans lors des différentes consultations de l'IASB. Elle ne manquera pas de faire valoir ses arguments, élaborés sur la base d'une longue pratique de l'appréciation de la situation financière des entreprises, allant bien au-delà des mécanismes comptables de dépréciation qui s'apparentent bien souvent à de l'autosatisfaction (selon le refrain Tout va très bien, Madame la marquise !).
Pour en savoir plus sur le projet, consulter le site de l'IASB.
Commission Comptabilité de la SFAF