L'Association française de gestion (AFG) a publié cet été un document visant à identifier des indicateurs extra-financiers trans-sectoriels. Analysefinanciere.org a interrogé Coline Pavot, responsable de la recherche ESG au sein de La Financière de l'Echiquier, sur plusieurs sujets : la qualité des données ESG fournies par les entreprises, la conduite des politiques de votes dans le contexte sanitaire actuel et la finance à impact.
Le travail mis en œuvre par l'AFG début 2020 a donné lieu à la publication, durant l'été, d'une actualisation des indicateurs extra-financiers indispensables pour évaluer une entreprise. Quelles sont, pour vous, les principales évolutions proposées par l'association ? Est-ce suffisant ? Quelles améliorations attendez-vous pour des étapes ultérieures ?
Ce travail de l'AFG, qui est le fruit de réflexions entre sociétés de gestion et entreprises, a permis de définir une liste de critères essentiels permettant l'évaluation du comportement des entreprises sur quatre piliers (environnement, sociétal, gouvernance et capital humain). L'homogénéisation des indicateurs est indispensable à la fois aux entreprises et aux sociétés de gestion. Elle permettra d'agréger les données à l'échelle des portefeuilles et facilitera également les mesures d'impact. Cette uniformisation des données servira également de guide pour les sociétés de gestion souhaitant se mettre en conformité avec le nouveau cahier des charges du label ISR d'Etat. Les prochaines étapes consisteront à amorcer le dialogue avec les pouvoirs publics pour inciter les émetteurs à adopter ces indicateurs afin d'augmenter leur transparence en matière d'informations extra-financières.
Du fait de la crise sanitaire, un certain nombre d'Assemblées générales se sont tenues à huis clos. Cela a-t-il impacté l'exercice de votre métier et la politique de vote ?
Le huis clos a certes réduit l'interactivité entre entreprises et actionnaires mais cela n'a pas pénalisé l'exercice de nos droits de vote. Nos gérants ont continué de voter électroniquement à 100 % des AG. En revanche, nous avons adapté notre politique de vote dans ce contexte de crise sanitaire et économique, en prêtant une attention particulière aux résolutions portant sur le versement par des entreprises endettées de dividendes. Nous nous y sommes opposés lorsque les dividendes étaient trop importants au vu de la situation financière de l'entreprise.
En février 2020, la Financière de l'Échiquier a annoncé son adhésion au Global Impact Investing Network (GIIN). Quelle en est la finalité ?
Nous souhaitons contribuer à la construction d'une finance à impact sur les marchés cotés, en nous inspirant de l'univers du non coté. LFDE a été l'une des premières sociétés de gestion française à lancer, en 2017, une solution d'impact, Echiquier Positive Impact Europe, alignée sur les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies (ODD) et fondée sur quatre critères clés de la finance à impact : l'intentionnalité, l'additionnalité, la mesurabilité et la contribution au secteur. En devenant membre du GIIN, LFDE s'inscrit résolument dans une volonté de promotion de l'investissement à impact. Nous contribuons ainsi activement au partage des bonnes pratiques et à la conception de référentiels de Place.
Propos recueillis par Michèle Hénaff, rédactrice en chef d'analysefinanciere.org.
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