En ce milieu d'année 2017 marqué notamment par des incertitudes économiques faisant suite à plusieurs échéances politiques, les investisseurs devraient-ils accroitre leur exposition au bêta au sein de leurs portefeuilles ? Comment la société Unigestion aborde-t-elle la question du risque ? Alexandre Marquis, responsable spécialiste investissement Actions, nous livre son analyse.
Dans une note datée de mars 2017, vous parlez d'un lot de « mauvaises surprises » et de risques que pourrait révéler l'année 2017, notamment un risque de valorisations excessives. Quels sont les secteurs et les titres les plus concernés ?
Nous traitons la valorisation de plusieurs façons et pas uniquement d'un point de vue sectoriel. En effet, lorsque nous regardons la valorisation d'un titre, nous la comparons à celle de son propre secteur, à celle de l'univers d'investissement et également à son propre historique de valorisation. Cela peut donc mener à des restrictions sur titres de n'importe quel secteur. Toutefois, parmi les secteurs qui présentent pour nous des valorisations extrêmes, celui de la consommation courante est peut-être le plus significatif aujourd'hui.
L'indice Baker, Bloom and Davis montre une augmentation du niveau d'incertitude en matière de politique économique mais ce risque mesuré par les spreads des swaps de taux reste faible. Comment expliquez-vous cette dichotomie ?
L'incertitude a certes augmenté ces derniers mois comme indiqué par l'indice cité, mais cela représente un tail risk : la probabilité d'occurrence reste faible en absolu, bien qu'elle ait augmenté, c'est pourquoi les spreads restent mesurés. Néanmoins, à l'approche des élections françaises, on a observé un élargissement du spread entre les CDS français et allemand, soulignant l'importance croissante du résultat de l'élection pour les investisseurs.
Beaucoup d'incertitudes planent actuellement sur les conséquences du Brexit. Que recouvre la notion de « Brexit dur » que vous mentionnez ?
Un Brexit dur réfère à l'impossibilité de parvenir à des accords commerciaux satisfaisants pour les deux parties. L'UE pourrait décider d'enlever 2 symboles majeurs pour la finance britannique, à savoir le passeport européen pour les fonds, ainsi que les clearing des opérations en euros. Nous considérons qu'une telle situation affaiblirait encore d'avantage la livre et pourrait l'amener dans la zone des 1.00-1.10 contre un euro. Cela favoriserait les grands groupes exportateurs, mais affaiblirait l'économie domestique et engendrerait une inflation importée conséquente.
Concernant la Chine, quelles sont les principales données économiques à surveiller ?
L'endettement reste vraiment la clé économique en Chine. La transition d'une économie exportatrice vers une économie domestique ne se fait pas sans heurts et le challenge du gouvernement chinois est de contrôler au maximum les effets collatéraux. La croissance de l'économie reste également un indicateur important, même si l'on sait que les chiffres ne sont pas 100 % fiables (on peut les mettre en parallèle de la croissance de la consommation d'électricité pour se faire une meilleure idée). Le newsflow reste à surveiller, avec notamment les dernières nouvelles sur la dégradation de la note de véhicules de financement de certaines autorités locales.
Entretien réalisé le 20 avril 2017
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