Emmanuel Soupre, analyste financier depuis 1981 et Senior Advisor de la société Kepler Corporate Finance, a participé aux Assises de l'économie de la mer à Brest, les 27 et 28 novembre derniers. Il analyse ici les principales questions relatives au milieu marin, alors que la revue Analyse financière, éditée par la Société française des analystes financiers, s'apprête à publier en janvier 2019 un dossier conséquent centré sur les enjeux financiers de l'économie maritime dans un monde global.
Les 27 et 28 novembre se sont tenues à Brest les 14e Assises de l'économie de la mer, centrées sur l'innovation maritime. Regroupant beaucoup d'acteurs intéressés par le fait maritime, les sessions de travail ont mis l'accent sur l'innovation comme facteur clef de la croissance bleue avec l'ambition d'atteindre un doublement des activités concernées pour 2030 en Europe.
Même si l'aspect environnemental (changement climatique, pollution, destruction des écosystèmes, plastiques, etc.) était très présent dans les débats, il est apparu clairement que l'innovation maritime ne pouvait être réduite à cette seule considération. L'économie de la mer n'est en effet pas différente des autres secteurs d'activité car elle aussi s'inscrit dans une logique d'expansion, de pérennité et de profitabilité dont le financement est à assurer comme ailleurs.
Cependant, une particularité est soulignée par nombre d'intervenants : l'expression de sa profitabilité et de sa pérennité requiert plus de temps tout en étant souvent bien plus capitalistique qu'imaginée. En effet, le milieu marin est bien plus complexe, est moins connu et nécessite donc un soutien financier souvent plus fort et plus durable. Par exemple, l'aquaculture, la recherche bio technologique maritime, les énergies éoliennes ou hydroliennes, la connaissance du milieu marin profond ou littoral et de ses potentiels sont encore dans des phases souvent exploratoires car les champs de découvertes et de connaissances sont géographiquement très vastes et technologiquement multiples, à couvrir avec des moyens humains et techniques en proportions moindres.
Dès lors, l'innovation paraît encore plus cruciale pour augmenter et accélérer la réussite espérée dans le domaine maritime. Ceci explique pourquoi ces assises ont insisté clairement sur la révolution numérique qui, elle aussi, transforme actuellement l'ensemble du monde maritime, dans ses industries comme ses services et est capable de permettre des innovations de ruptures.
Rappelons que plus de 85 % des produits, des marchandises, des matières premières ou transformées échangées et vendues dans le monde transitent par les mers.
Nous le savons bien, l'analyse financière doit aujourd'hui prendre en compte des problématiques extra-financières de plus en plus larges. Cette évolution est sans doute incomplète et réductrice si elle s'exprime essentiellement par des stratégies d'exclusions (les pollueurs, la défense, etc.). La dimension de l'intensité, de la pertinence, de la longévité et de la gouvernance de l'effort d'innovation est aussi importante pour l'avenir. Cela suppose une capacité de nos travaux d'analyses financières à prendre en compte et évaluer ces dimensions inédites, puisque les acteurs du monde, en particulier maritime, travaillent surtout dans le long ou très long terme sur des sujets très variés et inédits.
A paraître dans l'édition 70 de la revue Analyse financière (janvier 2019) : le dossier "Les enjeux financiers de l'économie maritime"
Euronaval fin octobre 2018, Climate finance day du 26 au 28 novembre, Assises de l'économie de la mer à Brest les 27 et 28 novembre à Brest et, bientôt, le Salon nautique international de Paris en décembre… Il semble que tous les voyants passent au bleu. Mais qu'en est-il exactement ? Quels sont précisément les enjeux financiers de l'économie maritime dans un monde global ? Comment financer les innovations proposées par les industriels liés au secteur de la mer et les start-up intervenant dans ces secteurs ?
La revue Analyse financière a plongé dans la grande bleue pour être au faîte de l'actualité. Un dossier à découvrir en janvier 2019 (édition 70 Janvier-Mars 2019).
A lire également : « Finance verte pour croissance durable », dossier de l'édition n° 67 (Avril-Juin 2018).