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22/10/2019 Le Think Tank, Les commissions, Analyse

Analyse extra-financière : analystes et gérants souhaitent une normalisation

Deuxième édition du baromètre ESG de la SFAF

La commission Analyse extra-financière de la SFAF a présenté les résultats de la 2e édition de son baromètre ESG lors d'une soirée-débat sur le thème « Mettre de l'ordre dans la jungle des indicateurs extra-financiers », avec la participation de Patrick de Cambourg, président de l'Autorité des Normes Comptables (ANC), et Ciprian Ionescu, chargé de programme Capital Naturel chez WWF-France. Cette consultation annuelle, réalisée auprès des 800 analystes et gérants membres de la SFAF, vise à suivre l'évolution de leurs pratiques professionnelles en matière d'intégration ESG dans les process d'investissement et leurs attentes.

Une appropriation croissante des données extra-financières
La mutation des métiers semble établie : 51 % du panel (31 % en 2018) affirment utiliser systématiquement des informations extra-financières, contre 13 % qui ne les utilisent que rarement ou jamais. Cette intégration est, pour la majorité des répondants (58 %), indissociable de la performance globale à long terme. Elle est facilitée par l'abondante communication extra-financière des émetteurs. Le rapport intégré et la Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) sont, en effet, les premières sources d'information ESG plébiscitées par les analystes et les gérants, avec le rating des agences de notation extra-financières. Les professionnels soulignent, en particulier, la qualité des rapports intégrés de Danone, Michelin, Legrand et Schneider. Pour autant, chaque société de gestion est en situation de free ride en matière de choix des indicateurs comme de grille d'analyse des critères ESG. Et l'approche varie selon le secteur ou la taille de l'entreprise analysée.

Vers une gestion thématique et à impact
Pour 67 % des interrogés, la gestion passe au filtre ESG et cette part progresse par rapport à 2018. Dans l'éventail des types de gestion privilégiés par les gérants, l'impact investing et les fonds à thématique ESG montent en puissance et se formalisent en termes de business. Les SGP s'engagent d'ailleurs dans des process de labellisation ISR/Greenfin pour gagner la confiance des investisseurs institutionnels. Ce virage est facilité par l'implication de la direction sur les sujets ESG, même si ce n'est pas encore une généralité dans toutes les sociétés de gestion.

Obstacle n° 1 : la qualité des données
Les praticiens les plus volontaires sont plus nombreux qu'en 2018 à déclarer rencontrer des freins pour analyser les données (58 % contre 30 %) : la qualité des données qu'ils jugent peu, voire pas du tout, satisfaisantes (58 % contre 43 %) est un obstacle majeur, au point que 78 % du panel souhaiteraient disposer de données fiables, comparables et auditées. Le manque de cadre commun et de définitions homogènes constitue également des freins. Toutefois, la donnée chiffrée ne fait pas tout : au-delà d'indicateurs-clés, les investisseurs attendent des entreprises qu'elles produisent des informations sur l'impact des enjeux ESG sur le modèle d'affaires (51 %) et sa traduction en risques et opportunités (33 %). La prospective, la construction d'indicateurs dans le temps sont aussi nécessaires pour l'analyse, ainsi que l'impact sur la création de valeur financière, sociétale et environnementale.

Le besoin d'un socle méthodologique commun d'analyse ESG
71 % y seraient favorables pour parvenir à un langage commun et comparer les sociétés. Sur ces enjeux, Patrick de Cambourg, président de l'Autorité des Normes Comptables, a récemment publié un rapport volontariste "Garantir la pertinence et la qualité de l'information extra-financière des entreprises : une ambition et un atout pour une Europe Durable". Il a rappelé, lors de la soirée de la SFAF, la nécessité d'arriver rapidement à une normalisation de l'extra-financier à l'échelle de l'Europe pour conforter son leadership, en s'inspirant des meilleures initiatives qui visent à quantifier les impacts environnementaux des investissements. Il y a en effet une urgence d'intégrer le climat et, plus généralement, la nature dans les stratégies d'investissements comme l'a souligné Ciprian Ionescu, chargé de programme capital naturel chez WWF France et co-auteur du rapport "Into the Wild : intégrer la nature dans les stratégies d'investissement". Face au risque latent de greenwashing, Patrick de Cambourg propose une démarche structurée, inscrite dans l'agenda européen et poussée par la France. Ceci invite l'industrie de la gestion à travailler à la convergence de ses pratiques pour contribuer à l'élaboration d'un langage commun. En cela, les travaux de la SFAF, notamment son offre de formation et de certification européenne (CESGA ) en analyse ESG, apportent un début de réponse.

À propos du baromètre ESG de la SFAF :

  • Enquête réalisée auprès des 800 analystes et gérants membres de la SFAF.
  • Questionnaire auto-administré par voie électronique du 9 septembre au 3 octobre 2019.
  • Taux de réponse : 13 % (contre 9 % en 2018).

Groupe de travail associant des membres de la commission Analyse extra-financière de la SFAF : Corinne Baudoin, Fabienne Brilland, Nelly-Christelle Diawara, Florence Didier-Noaro, Alban Eyssette, Lucile de Fraguier, Martine Léonard, Laurence Maury.

Corinne Baudoin, présidente de la Commission Analyse extra-financière de la SFAF, et Fabienne Brilland, vice-présidente

Le label Greenfin a pour objectif de mobiliser une partie de l'épargne au bénéfice de la transition énergétique et écologique. Source : Ministère de la Transition écologie et solidaire.

CESGA : Certified ESG Analyst.
Voir également à ce sujet notre article Conférence SFAF « L'analyse extra-financière : de la théorie à la pratique » du 13 juin 2019.